Mais d’où est venue cette idée de tirer un trait sur les fameuses blouses?
Tout a commencé en juillet 2012, quand une kinésithérapeute soulève le problème sur son blog dans un article intitulée «Dignité, mes fesses !». Elle y raconte l’histoire d’une dame âgée de 85 ans qui de s’excusait de sa nudité. L’article a fait le tour des réseaux sociaux dont Twitter grâce à « Farfadoc », médecin blogueur qui lance dans la foulée une pétition « pour des chemises d’hôpital respectant la pudeur et la dignité des patients ». La pétition rappelle que «le respect de la dignité des patients est un principe inscrit dans la charte de la personne hospitalisée, dans le code de santé publique, dans le code de déontologie des médecins.» Après des milliers de signatures récoltées, Marisol Touraine valide pendant l’été 2012 la décision de retirer de la circulation ces chemises d’hôpital.
Les centres hospitaliers universitaires de Lille, Lyon, Marseille ou Nîmes ont été les premiers à y renoncer en 2012. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a décidé de changer les tenues en 2014 et le renouvellement des 125.000 chemises s’est achevé fin 2016.
La création de cette nouvelle blouse a pris du temps car il s’est avéré difficile de prendre en compte d’une part l’intimité des patients et d’autre part les besoins du personnel soignant. De longues réunions avec un cahier des charges et des essais ont eu lieu : « Nous avons organisé de nombreux groupes de travail avec des usagers, des familles, un ergothérapeute pour tester la dimension pratique, un hygiéniste », explique au Parisien Anne-Claude Le Voyer, de la Direction des patients, usagers et associations (DPUA) à l’AP-HP, en charge de la qualité des droits du patient. La nouvelle blouse se ferme latéralement afin de couvrir le devant et le derrière des patients. Elle ressemble un peu à une robe portefeuille. «Le tissu est plus épais pour éviter la transparence, le col a un bouton-pression afin que le médecin puisse passer le stéthoscope sans que les patients se penchent », explique au Parisien Cédric Martin, directeur de la production dans l’immense blanchisserie de l’AP-H.
Si pour beaucoup le remplacement de ces tenues pour patients est une grande avancé, elle est pour d’autres un problème, et ils continuent de vanter les mérites de l’ancienne. En effet, elles étaient très pratiques pour les soins et l’habillement des patients après les opérations. L’utilisation régulière des nouvelles chemises d’hôpital permettra d’en évaluer les avantages ou inconvénients dans la pratique.
Texte : esanum / ep
Photo : wavebreakmedia / Shutterstock