Certaines cellules sanguines sont capables, sous l’influence du facteur de prolifération M-CSF, de se dé-différencier en cellules souches multipotentes. Elles expriment le marqueur embryonnaire SSEA-1 et -3. Le facteur M-CSF est sécrété par les fibroblastes de la peau et des cellules exprimant SSEA-3 ont été trouvées dans le derme humain. Elles prolifèrent suite à une blessure, mais leur origines et fonctions sont encore inconnues. Au vu de ces éléments, une étude s’est intéressés à l’origine hématopoïétique des cellules SSEA+ dans les sites de blessure, et déterminer une possible corrélation entre blessure, facteur M-CSF, cellules SSEA+ et cicatrisation. L’étude est à paraître dans le journal Scientific Reports (DOI: 10.1038/srep28979).
Les analyses d’échantillons de peau saine ou blessée de souris ont mis en évidence la présence de cellules SSEA-1+ dans la peau blessée et leur quasi-absence dans la peau saine (9.26% vs. 0.37%, p<0.01). Ces cellules semblent être du même type que les cellules souches multipotentes dé-différenciées à partir de cellules sanguines, car elles expriment également le marqueur SSEA-3 et le récepteur au M-CSF. Un signal également positif au marqueur Ki67 prouve l’état prolifératif des cellules SSEA-1+. Des analyses comparatives de peau lésée avant et après guérison ont révélé une nette diminution de cellules SSEA+ après guérison (différence significative calculée pour SSEA-1, p<0.001). Selon les auteurs, ceci peut s’expliquer par la différentiation de ces cellules en cellules de peau n’exprimant plus SSEA.
L’ajout de M-CSF sur le site de blessure engendre une augmentation remarquable du nombre de cellules SSEA-1+ par rapport à une peau lésée normale. De plus, l’application d’un anticorps anti-M-CSF sur la blessure induit une diminution très importante du nombre de ces cellules. Ce qui met en évidence le caractère primordial de ce facteur sécrété normalement par les fibroblastes en prolifération. Les plaies de souris traitées ou non quotidiennement avec M-CSF ou son anticorps ont été mesurées pendant le temps de guérison. Le traitement M-CSF accélère la guérison (taille de la plaie: 37.5% vs. 55.9% au 5e jour, p<0.0001 et 6.7% vs. 18.5% au 10e jour, p<0.0001). A l’inverse, le blocage de M-CSF ralentit la guérison (62.4% vs. 55.9%, non significatif, et 24.0% vs. 18.5%, p=0.052 aux 5e et 10e jours, respectivement).
Enfin, les auteurs ont injecté à des souris des cellules souches multipotentes dé-différenciées sous l’effet de M-CSF, d’origine hématopoïétique, par la veine de la queue. Après guérison de blessures de la peau, ces cellules injectées n’ont pu être détectées que dans le derme et l’épiderme du tissu cicatrisé (aucune trace dans les différents organes, la circulation sanguine, ou la peau saine entourant le site de blessure). De plus, les observations dans les sites cicatrisés ont révélé une organisation en forme de vaisseau sanguin, ainsi qu’un marquage positif au collagène-1, indiquant un potentiel de différentiation de ces cellules injectées en cellules fonctionnelles de la peau.
En conclusion, une corrélation se dégage de ces résultats entre blessure de la peau, facteur M-CSF, cellules souches multipotentes d’origine hématopoïétiques et cicatrisation in vivo. Cette étude met clairement en évidence le rôle de ces cellules SSEA+ dans la régulation de la cicatrisation de la peau par M-CSF. D’autres études semblent toutefois nécessaires afin de déterminer le mécanisme par lequel les cellules souches dé-différenciées s’accumulent au site lésé et si ceci se met également en place pour des lésions sur d’autres organes que la peau.
Texte : jd / esanum
Photo : inbevel / Shutterstock
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