Il s’agit d’un ensemble de traitements “non conventionnels”c’est-à-dire non médicamenteux et non chirurgicaux utilisé pour améliorer l’état d’un patient. Ces techniques sont en général additionnelles et ne remplacent pas les thérapies classiques occidentales, donc dans le cas des cancers: une chimiothérapie, une radiothérapie ou une intervention chirurgicale. L’homéopathie, l’acupuncture, la luminothérapie, les régimes diététiques en sont des exemples. Contrairement aux traitements classiques subits par les patients et générant des effets secondaires dérangeants, les médecines douces donnent l’impression au patient d’être actif face à la maladie et ne semblent pas nocives.
En France, une étude a été réalisée dans un centre de cancérologie sous forme d’enquête par questionnaire anonyme portant sur 207 patients. 34% des patients ont déclaré avoir recours aux médecines complémentaires: l’homéopathie pour 42%, les plantes pour 27%, l’acupuncture pour 22% et les vitamines pour 18%. 66% des patients ont annoncé souhaitaient diminuer les effets secondaires des anticancéreux plus que combattre le cancer lui-même.
On leur reproche même d’être plus efficaces sur la santé mentale du patient que sur son état physique (notamment par un effet placebo important). Cependant le COSA (Clinical Oncological Society of Australia) a publié un rapport sur l’utilisation de ces médecines complémentaires et alternatives par des patients cancéreux et il émet des mises en garde. En effet, certaines médecines douces recommandent de suivre des régimes alimentaires. Or il y a des aliments inoffensifs à des doses “normales” qui peuvent interagir avec les traitements médicamenteux lorsqu’ils sont pris dans de trop grandes quantités. Certains vont augmenter les effets de la thérapie initiale et font courir au patient le risque d’une intoxication par surdosage, tandis que d’autres diminuent l’efficacité du traitement et ralentissent la guérison du patient. Une étude de 2010 indique que plus de 65% des individus atteints de cancer en Australie auraient recours à ces médecines complémentaires et alternatives, c’est donc une part non négligeable des patients.
De plus, ces thérapies n’entrent pas toujours dans le cadre des remboursements par l’assurance maladie et ils infligent des coûts supplémentaires aux patients qui ont parfois déjà des difficultés financières (baisse de l’activité professionnelle, coûts des traitements conventionnels…). Le danger réside surtout dans l’automédication associée à ces thérapies douces. Une étude australienne a trouvé que seulement 40% des patients traités par radiothérapie en avaient discuté avec leur oncologiste.
Le rôle des professionnels de santé n’est donc pas de refuser automatiquement le recours à ces médecines parallèles mais d’en discuter avec le patient et d’en évaluer les effets. Le rôle du pharmacien est primordial dans la surveillance des associations entre plusieurs thérapies qui ensemble pourraient faire plus de mal que de bien. Le manque d’études sur les effets et les interactions des médecines douces oblige les praticiens à juger des bénéfices et des risques au cas par cas en fonction du type de cancer, du type de patient et du type de médecine douce choisi. Malgré tout, l’efficacité de l’acupuncture dans la prévention des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie a déjà été validée. L’objectif est d’aller vers une médecine intégrative qui englobe tous les soins apportant une amélioration pour le patient. Dans le Plan Cancer 2009-2013, la mesure 19 encourageait le renforcement des soins de support notamment dans la lutte contre la douleur.