Après « Octobre rose », pour la prévention du cancer du sein, vient « Movember », pour la prévention des maladies masculines. On pourrait penser qu’il existe un mois exclusivement réservé à la prévention des femmes et un autre des hommes, mais cela serait une erreur. En effet, si les maladies concernées par “Movember” sont uniquement masculines, le cancer du sein auquel les campagnes d’octobre rose sont consacrées existe également chez les hommes ! Cette réalité est non négligeable.
Physiologiquement, les hommes ont une poitrine qui équivaut à celle d’une fille avant la puberté : elle est donc composée de muscles, de tissu adipeux (graisse), de tubes et de canaux galactophores qui s’abouchent au mamelon de chaque sein. C’est seulement à la puberté, que les glandes mammaires vont, sous l’effet de l’œstrogène, se développer et augmenter de volume chez la femme, permettant alors l’allaitement éventuel d’un nourrisson. Les hommes, non concernés par ce phénomène ont donc une moindre quantité de tissu mammaire et ce faisant une moindre probabilité de développer un cancer du sein : dans la population atteinte, on recense 99 % de femmes contre seulement 1 % d’hommes. Cependant, comme on y prête moins attention, il est généralement détecté à un stade plus avancé chez l’homme: ce qui élève la probabilité de trouver des métastases et son taux de létalité associé.
Un des acteurs principaux dans les mécanismes de développement de ce cancer est l’œstrogène, une hormone principalement féminine, d’où la prévalence plus élevée dans la population féminine. Ceci étant, tout désordre hormonal concernant cette hormone représente alors un facteur de risque de développer un cancer du sein (chez les hommes aussi). Par exemple une cirrhose du foie, ou encore le syndrome de Klinefelter (trouble génétique héréditaire très rare, causé par un chromosome X additionnel chez les hommes), augmentent considérablement le taux d’œstrogène, ce sont donc des facteurs de risques pour ce cancer ; les hommes présentant un syndrome de Klinefelter ont par ailleurs les mêmes chances que les femmes de développer un cancer du sein.
La diminution du taux d’androgène et le cancer testiculaire sont également considérés comme facteurs favorisant l’apparition du cancer du sein chez l’homme. Une certaine corrélation a aussi été établie avec la gynécomastie (hypertrophie de la glande mammaire chez l’homme), le syndrome métabolique, des antécédents testiculaires comme les oreillons à l’âge adulte, la cryptorchidie, ou encore une orchidectomie. Le manque d’études sur ces sujets empêche d’affirmer avec certitude ces corrélations.
D’autres facteurs de risques semblables à ceux des femmes sont reconnus: :
-l’exposition du thorax à des radiations ionisantes (rayons X, etc.),
-des antécédents familiaux de cancers du sein,
-des antécédents personnels de maladies atteignant la poitrine ,
-les mutations des gènes BRCA1 et -2. Environ 15 % des cancers du sein chez l’homme sont d’ailleurs dus à la mutation de ce gène BRCA2.
Le traitement de ces cancers diffère-t-il en fonction du sexe ?
Globalement, non : le procédé se déroule généralement en 4 étapes :
1) Opération chirurgicale : ablation des ganglions lymphatiques axillaires voisins, et éventuellement mastectomie (Chez les hommes, l’hésitation est moindre, car le souci esthétique n’est pas aussi primant que chez les femmes)
2) Chimiothérapie
3) Radiothérapie
4) (anti)Hormonothérapie et/ou thérapie ciblée à l’aide d’anticorps
Enfin, ce qu’il faut surtout noter, c’est que le cancer du sein chez les hommes n’est pas un diagnostic à négliger ! Du point du vue psychosocial, la population masculine ne se sent pas concernée, et beaucoup d’hommes trouvent cette maladie « dévirilisante », étant donné qu’ils ne se considèrent pas comme « individus ayant une poitrine », la poitrine étant également un signe de différenciation féminin dans la société. Il faudrait donc sensibiliser la population à cette atteinte, la « décomplexer » pour ainsi dire, et encourager l’auto-palpation des seins chez les hommes également, surtout à partir de 60 ans, pour une détection plus précoce de ce cancer.