À l’occasion de la journée mondiale du cancer du pancréas, la fondation Arcad (aide et recherche en cancérologie digestive), en partenariat avec d’autres experts et associations de patients s’apprête à lancer une plate-forme européenne : www.pancreaticcancereurope.eu. Cette dernière aura pour but de sensibiliser public et politiques au cancer du pancréas.
Mariella de Bausset, secrétaire générale de la fondation relève que : “C’est un cancer en augmentation sensible dans les pays développés mais qui attire à peine 2% des fonds de recherche attribués au cancer et moins de 5% des essais cliniques”. Selon des estimations du Centre international de recherche du cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la Santé, le cancer du pancréas a, en 2012, provoqué le décès de 330.000 personnes dans le monde dont 78.000 personnes dans l’Union européenne et 9.500 en France. Selon l’agence toujours, il s’agit de la quatrième cause de décès par cancer en Europe (après les cancers du poumon, du colon et du sein) mais plusieurs experts s’accordent à dire, qu’il pourrait devenir la deuxième cause de mortalité par cancer en Europe d’ici à 2020, arrivant ainsi derrière le cancer du poumon.
L’Institut national du cancer (InCA) juge que les données disponibles pour ce cancer en France ne sont pas suffisamment “fiables” et ne fournit en conséquence aucun chiffre.
Le Dr David Malka, cancérologue digestif au centre anticancéreux Gustave Roussy à Villejuif résume que le cancer du pancréas “survient souvent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein”. Contrairement au cancer du sein ou du colon, il n’existe pas d'”outil simple”, qui permettrait de réaliser un dépistage de masse de ce cancer.
Par ailleurs, les principaux symptômes “évocateurs” de la maladie (douleurs abdominales, jaunisse, amaigrissement rapide, diabète récent), n’apparaissent en général que tardivement. L’évolution ´de la maladie est lente et silencieuse, elle peut durer jusque quinze ans. En conséquence, huit cas sur 10 sont diagnostiqués alors que le cancer est déjà arrivé à un stade avancé, et est la plupart du temps inopérable.
La survie à cinq ans des patients, elle atteint à peine 5%. C’est l’un des taux les plus bas observés pour un cancer, il est par exemple nettement moindre que celui du cancer du poumon, qui est de l’ordre de 15%. Pourtant, selon le Pr Pascal Hammel, cancérologue digestif à l’hôpital Beaujon (Clichy), il existe “des moyens de le prendre en charge plus tôt” en faisant par exemple un dépistage ciblé des personnes susceptibles de présenter des formes “familiales” de ce cancer (5% de l’ensemble des cas).
Pour les 95% restants, les médecins comptent sur la recherche pour mettre au point des marqueurs précoces de la maladie. “On peut imaginer que dans un avenir pas trop lointain, on puisse diagnostiquer ce cancer par un test sanguin”, note le Dr Malka.
En attendant, les patients bénéficient de chimiothérapies plus efficaces qui ont permis de doubler l’espérance de vie de ceux qui ne sont pas opérables (environ 80%) de six mois à 12 mois, voire plus. Et lorsque la chimiothérapie est utilisée avant ou après la chirurgie, la survie dépasse fréquemment les deux ans.
Des chercheurs travaillent sur plusieurs “pistes prometteuses” parmi lesquelles celles ciblant le métabolisme ou l’architecture de la tumeur. Les thérapies ciblées utilisées avec succès dans plusieurs types de cancers, tels que les leucémies, les cancers du sein et du colon, ne se sont en revanche pas avérées “très efficaces pour l’instant” sur le pancréas, selon le Pr Hammel.
Face à cette situation, la Fondation Arcad juge “urgent de se mobiliser pour lever davantage de fonds afin de financer les recherches”. Mme de Bausset qui espère que la mobilisation conduira les pays européens à développer des plans pour s’attaquer à ce cancer précise qu’”Il faut également sensibiliser et alerter les médecins et les patients sur la gravité de cette maladie”.
Texte : AFP / pg