Bénéfices de la résection précoce du gliome de bas grade

Le gliome diffus de bas grade (GDBG) est une lésion précancéreuse infiltrante, à croissance continue. Une évolution maligne peut provoquer des déficits neurologiques et être létale. Contexte Si la gestion des cas de GDBG est source de controverse, il semblerait qu’une intervention chirurgicale précoce soit à favoriser en comparaison à une approc

Le gliome diffus de bas grade (GDBG) est une lésion précancéreuse infiltrante, à croissance continue. Une évolution maligne peut provoquer des déficits neurologiques et être létale.

Contexte
Si la gestion des cas de GDBG est source de controverse, il semblerait qu’une intervention chirurgicale précoce soit à favoriser en comparaison à une approche attentiste. Différentes stratégies chirurgicales ont été testées, comme la biopsie stéréotaxique (suivie d’une brachythérapie, chimiothérapie, ou irradiation externe), ou la résection primaire. Aucun essai randomisé comparant résection et biopsie n’a été réalisé.

Etude et méthodes
Au centre universitaire médical de Freiburg (Allemagne), deux départements indépendants prennent en charge des cas de gliome diffus de bas grade, l’un abordant une approche primaire par biopsie stéréotaxique, et l’autre par résection chirurgicale. Les données sur 9 ans de ces deux départements ont été analysées lors d’une étude récemment publiée dans le journal Scientific Reports (DOI: 10.1038/srep32286). Les cas de primo-diagnostics histologiques de GDBG dans chacun des deux centres entre 2004 et 2012 ont été analysés. Le volume tumoral a été déterminé par IRM ou tomodensitométrie (scan CT). Un suivi IRM ou scan CT dans les 6 mois après résection a été réalisé pour les patients concernés. Le résultat primaire de cette étude est la survie à partir de la date de diagnostic, évaluée jusqu’au 30 septembre 2015.

Résultats
Un total de 126 cas de GDBG ont été analysés, 77 avec une approche “biopsie” et 45 avec une approche “résection”. Des différences significatives entre les deux groupes sont observées en termes d’année du diagnostic (2005 à 2008 vs. 2006 à 2011), du taux d’astrocytomes (57 vs. 37%), de volume tumoral (54 vs. 75 cm3), et de recours à une radiothérapie ou chimiothérapie précoce (33 et 29% vs. 4 et 10%, respectivement). La mortalité en fin de suivi est significativement plus élevée parmi les patients du groupe biopsie (56 vs. 27%, p=0.005). La survie à 5 ans et à 10 ans est supérieure pour le groupe résection (82 et 67% vs. 54 et 38%). Des déficits neurologiques post-chirurgicaux ont été observés chez 7 patients du groupe résection (déficit transitoire < 6 mois pour 3 patients).

Indépendamment, l’âge supérieur à la date du diagnostic, un score Pignatti élevé, une histologie positive à l’astrocytome, une localisation de la tumeur dans le lobe pariétal ou une localisation indéterminée, et une prise en charge initiale par biopsie ont un impact négatif sur la survie globale des patients de GDBG. Certains patients du groupe biopsie (29%) ont par la suite (moyenne 2.8 ans) subi une résection. La survie globale de ces patients passe de 5.0 à 7.8 années (non significatif). L’analyse multivariée n’a conservé que l’âge au diagnostic (HR=1.03 par année supplémentaire), l’histologie “astrocytome” (HR=2.25) et une localisation non spécifiée (HR=3.3) comme facteurs de pronostic.

Le volume tumoral résiduel (VTR) après résection s’est révélé être inversement associé à la survie globale. En intégrant ce paramètre à l’analyse multivariée, seuls un VTR15 cm3 et ceux du groupe biopsie.

Conclusions
Un meilleur taux de survie est obtenu pour les patients subissant rapidement une résection chirurgicale. Les bénéfices d’une intervention précoce observés dans cette étude sont potentiellement sous-estimés, du fait de la tendance observée des patients du groupe biopsie à bénéficier d’un traitement adjuvant précoce. Une résection tardive après une approche primaire par biopsie ne semble pas apporter de bénéfices en terme de survie globale. Les bénéfices d’une résection précoce apparaissent limités exclusivement aux patients pour lesquels le volume tumoral résiduel est inférieur à 15 cm3. Si un tel volume résiduel ne peut être atteint à un risque acceptable, les auteurs suggèrent une première approche par chimiothérapie ou radiothérapie, puis éventuellement une résection chirurgicale après réduction du volume tumoral.

Texte : jd / esanum
Photo : Sebastian Kaulitzki / Shutterstock