Augmentation des IST chez les jeunes
Les infections sexuellement transmissibles (IST) connaissent une recrudescence préoccupante en Europe, particulièrement chez les jeunes. La France n’est pas épargnée par ce phénomène et réfléchit à des mesures permettant d’endiguer cette progression.
Une augmentation marquée des IST en Europe
Selon le dernier rapport de l'ECDC, plusieurs IST, notamment la gonorrhée, la syphilis et la chlamydia, ont connu une hausse spectaculaire en Europe. Entre 2021 et 2022, les cas de gonorrhée ont augmenté de 50 %, tandis que ceux de syphilis ont progressé de 34 %. La situation est d’autant plus inquiétante que de nombreuses infections demeurent sous-diagnostiquées en raison d'une absence de symptômes visibles chez certaines personnes, en particulier chez les jeunes.
L’émergence de nouvelles IST, comme l'orthopoxvirose (variole du singe) ou encore l’infection à Shigella, s’ajoute à ce tableau déjà préoccupant. En outre, certaines IST que l’on croyait presque éradiquées, comme le lymphogranulome vénérien, sont en forte recrudescence, en particulier parmi les populations vulnérables.
Une tendance également observée en France
En France, la hausse des IST suit la même tendance que celle observée à l’échelle européenne. Santé Publique France a enregistré une augmentation notable des cas de syphilis avec 6 000 personnes diagnostiquées en 2022, soit une augmentation de 27 % par rapport aux années précédentes. La gonorrhée et la chlamydia continuent également de progresser chez les jeunes adultes, accentuant l’urgence de la situation.
Pourquoi une telle résurgence ?
Cette recrudescence, observable particulièrement chez les populations jeunes, s’explique par plusieurs facteurs, tels qu’un relâchement dans l’utilisation du préservatif, un manque d’accès à l'éducation sexuelle et des services de dépistage perturbés pendant la pandémie de COVID-19.
En outre, la résistance antimicrobienne à certains traitements, notamment pour la gonorrhée, constitue un défi majeur pour les autorités de santé. Des souches de Neisseria gonorrhoeae, résistantes aux traitements classiques comme la ceftriaxone, ont été signalées en France, rendant certaines infections plus difficiles à traiter.
Quelles mesures pour endiguer cette progréssion ?
Un dépistage précoce est nécessaire pour freiner la propagation des IST, mais aussi pour permettre de traiter ces infections qui peuvent entraîner toutes sortes de complications graves si elles ne sont pas traitées.
Afin de répondre à cette crise, la France a pris plusieurs initiatives pour renforcer la prévention et le dépistage des IST. À partir du 1er septembre 2024, il est désormais possible de se faire dépister pour les IST sans ordonnance, facilitant l'accès aux tests pour les jeunes et les populations vulnérables. Cette mesure vise à encourager un dépistage plus systématique et à freiner la propagation des infections.
En parallèle, des campagnes de sensibilisation renforcées sont menées dans les établissements scolaires et universitaires, et des distributions gratuites de préservatifs sont mises en place dans plusieurs régions du pays. Les professionnels de santé sont également invités à intégrer le dépistage régulier des IST dans leurs consultations, en particulier pour les jeunes à risque. Il est essentiel ici d’encourager un dialogue ouvert et décompléxé sur les IST, pour que les jeunes se sentent concernés et puissent également en parler avec leur(s) partenaire(s).
Le recours aux vaccins, notamment contre l'hépatite B et les HPV (human papillomavirus), est également recommandé chez les jeunes, car ils permettent de prévenir certaines IST graves, comme le cancer du col de l'utérus.
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Implementing the global health sector strategieson HIV, viral hepatitis and sexually transmitted infections, 2022–2030. Report on progress and gaps. OMS, mai 2024
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L'OMS plaide pour un meilleur dépistage des infections sexuellement transmissibles, OMS, 24 juillet 2023
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STI cases on the rise across Europe, (ECDC), 7 mars 2024
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Avec « Mon test IST », le dépistage des IST est plus facile depuis le 1er septembre, Portail de l’assurance maladie, 5 septembre 2024