Deux attentats particulièrement meurtriers ont touché la France en janvier et novembre 2015, avant la double-attaque terroriste à Bruxelles le 22 mars 2016, causant au moins trente-cinq morts. Après les attentats du 13 novembre, plusieurs témoins et rescapés ont été pris en charge par une cellule psychologique afin de prévenir les séquelles psychiques dont l’ESTP fait partie.
Les principaux symptômes de l’ESPT se classent en trois catégories : reviviscences, évitement et altérations cognitives et émotionnelles avec hypertonie neurovégétative. Les reviviscences se manifestent par des souvenirs envahissants et répétitifs de l’événement traumatisant, des cauchemars et des flash-back, qui font revivre le traumatisme. Les stratégies d’évitement consistent à éviter les situations ou les endroits rappelant l’événement. La troisième catégorie regroupent les troubles de la mémoire, la perte d’intérêt pour les activités, des difficultés à dormir ou se concentrer, des sentiments de détachements et des émotions négatives persistantes. Si ces symptômes durent plus d’un mois et entraînent une souffrance clinique, sociale ou professionnelle, on peut établir le diagnostic de l’ESPT. On estime que 30 à 45 % des témoins de violence de guerre ou criminelle (dont les attaques terroristes) risquent de développer un état de stress post-traumatique.
En cas d’événement traumatisant, il y a une importante augmentation du stress et donc de la corticostérone. Lors du choc, le système neuro-endocrinen va libérer brutalement de l’adrénaline, ce qui peut provoquer un état de tétanisation. Le cortisol, quant à lui, va paralyser au bout de quelques heures les capacités adaptatives neuronales. L’amygdale, qui joue un rôle dans la mémoire émotionnelle est suractivée après le traumatisme entraînant les phénomènes de flash-back. L’hippocampe est impliqué dans la mémoire épisodique. Son dysfonctionnement après un choc expliquerait l’amnésie du contexte du traumatisme.
Souvent, des victimes d’un attentat estiment ne pas être touchées par un ESPT. Des rescapés des attentats de Paris ont pu avoir subi une réactivation de la détresse psychologique après les attentats de Bruxelles. En effet, ces événements ont pu raviver le traumatisme qu’ils ont vécu, puis refoulé. C’est ce que l’on appelle la décompensation d’après-coup. Ces personnes restent vulnérables et peuvent développer des dépressions, des troubles anxieux et des comportements addictifs.
Pour prévenir et soigner les ESPT, il est important que les victimes consultent en CUMP (Cellules d’Urgence Médico-Psychologique), même s’ils n’en éprouvent pas spécialement le besoin dans un premier temps. En effet, la prise en charge précoce permet de désamorcer le traumatisme en le libérant par la parole. Des préventions médicamenteuses existent aussi : certains médecins prescrivent de l’hydroxyzine (ou Atarax, un antihistaminique aux propriétés sédatives et anxiolytiques) juste après l’événement. Le propanolol obtient également des résultats encourageants en prévention de l’ESPT, pour réduire l’émotion. Des psychothérapies, comme l’EMDR (Eyes movement desensitization and reprocessing), utilisent des stimulations sensorielles (visuelles notamment) pour apaiser les patients. Reste bien sûr les thérapies cognito-comportementales qui consistent à confronter les patients à leur situation traumatisante avant de les en désensibiliser.
Texte : sb / esanum
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