Le 17 septembre 2019 ont été présentés aux associations de victimes les résultats de l’étude menée par un groupe de recherche clinique sur la cohorte des victimes des attentats du 13 novembre 2015.
35 équipes médicales préhospitalières et hospitalières, l’institut médico-légal de Paris et l’établissement français du sang ont participé à l’analyse des moyens médicaux mis en œuvre pour leur prise en charge. Cette étude1 a été coordonnée par les Prs Mathieu Raux et Bruno Riou, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université, et le Pr Jean-Pierre Tourtier du service de santé des armées.
Il est apparu indispensable aux différents acteurs de santé français d’analyser les moyens mis en œuvre pour prendre en charge à l’hôpital les victimes de la plus grande tuerie de masse survenue dans un pays occidental. L’objectif était d’améliorer si possible les plans de secours existants (les attaques terroristes du 13 novembre 2015 ont conduit au déclenchement des plans rouge et blanc).
Les services mobilisés le 13 novembre 2015 furent ceux impliqués dans la prise en charge préhospitalière (Service médical du RAID, Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, SAMU 93 et SAMU de Paris AP-HP) et ceux assurant la prise en charge hospitalière (services d’urgence, services d’accueil des polytraumatisés, blocs opératoires, services de chirurgie et de réanimation des hôpitaux civils et militaires).
Le groupe de recherche a recueilli les données de 337 victimes présentant des lésions physiques, arrivées à l’hôpital entre le début des évènements et le 14 novembre 2015, 23h59. Les données des victimes ne présentant pas de lésion physiques, victimes de psycho traumatisme isolé et personnes dont le dossier médical était vide et qui n’ont pas été hospitalisées, ainsi que de celles de patients admis à l’hôpital après le 15 novembre 2015 minuit n’ont pas été incluses.
Les travaux ont montré que la grande majorité des blessés a été victime de tirs de fusils d’assaut, ce mode opératoire ayant entraîné des lésions plus sévères que l’utilisation d’explosifs, et par voie de conséquence que leurs besoins médicaux étaient plus importants.
Fait notable : en dépit du contexte, le taux de mortalité observé (2 %) n’était pas différent du taux de mortalité attendue (3 %), calculé à partir de la sévérité des lésions de chaque victime.
Ces résultats plaident pour que toute nouvelle prise en charge de victimes d’évènement terroriste fasse l’objet d’un rapport sanitaire standardisé partagé à l’ensemble de la communauté médicale mondiale à des fins d’amélioration des plans de secours.
Sur le plan médical, ils permettent d’estimer rapidement les besoins sanitaires à court et moyen termes lors de la survenue d’un évènement terroriste (médicalisation préhospitalière, triage, modalités d’évacuation vers les hôpitaux, organisation des services d’urgence, blocs opératoires, réanimations, transfusion) dès lors que l’on dispose d’une approximation du nombre de victimes et du type de mécanisme (explosion, arme à feu).
Ces résultats plaident également pour une gestion rigoureuse des ressources soignantes, en particulier les plus rares (équipes chirurgicales) afin de tenir dans la durée, soit du fait d’un évènement se prolongeant dans le temps, soit en raison de l’importance du nombre de victimes.
1- Analysis of the medical response to November 2015 Paris terrorist attacks: resource utilization according to the cause of injury
Mathieu Raux, Pierre Carli, Frédéric Lapostolle, Matthieu Langlois, Youri Yordanov, Anne-Laure Féral-Pierssens, Alexandre Woloch, Carl Ogereau, Etienne Gayat, Arié Attias, Dominique Pateron, Yves Castier, Anne François, Bertrand Ludes, Emmanuelle Dolla, Jean-Pierre Tourtier, Bruno Riouthe, the TRAUMABASE Group
Publiée dans la revue Intensive Care Medicine - sept 2019 - doi.org/10.1007/s00134-019-05724-9