Pour 2012, le coût des hospitalisations dues à l’alcool est évalué à 2,64 milliards d’euros, on compte plus de 580.000 hospitalisations dites de courts séjours (MCO médecine-chirurgie-obstétrique), soit une augmentation de +11,3% par rapport à 2006, ce qui représente un coût de 1,22 milliard d’euros. Dans les services de psychiatrie, l’alcool induit plus de 2,7 millions de journées, ce qui représente 10,4% du total des journées dans ces services. Par ailleurs, plus de 2 millions de journées liées à l’alcoolisation excessive ont été recensées dans les services de soins de suite et de réadaptation (SSR), ce qui constitue 5,6% de leur activité totale.
Le professeur François Paille du service d’addictologie du CHU de Nancy souligne que l’essentiel des coûts hospitaliers sont dus aux complications de l’alcool : il y a 5 fois plus de patients hospitalisés pour des complications que pour la seule dépendance à l’alcool, ajoutant que”l’ensemble de son coût sanitaire et social est de l’ordre de 20 milliards d’euros”
Le Dr Michel Reynaud, président du fonds actions addictions, cosignataire de l’étude a déclaré à l’AFP, que cela confirme “l’insuffisante prise en charge des comportements d’alcoolisation excessive et du sevrage, d’abord aux urgences puis ensuite au cours d’hospitalisation pour ivresse”. Il note que “les patients hospitalisés pour une complication de leur alcoolisme ont en moyenne 57 ans, ceux pour sevrage 48 ans et ceux hospitalisés pour +intoxication aiguë+ 43 ans” et ajoute que “quand on arrive aux complications à 57 ans en moyenne (cirrhose, troubles neurologiques, cardiovasculaires comme l’hypertension ou dilatation cardiaque, accidents, cancers…) c’est qu’on a loupé toutes les phases préliminaires, de l’ivresse aiguë en passant par l’alcoolisation excessive chronique puis la dépendance”.
Mais selon les deux signataires de l’études les chiffres des hospitalisations et de leurs coûts sont “sous-estimés” et ils rappellent que “les cancers (gorge, foie, oesophage, etc.) sont la première cause de mortalité due à l’alcool (15.000 décès par an)”. Cependant les hospitalisations pour cancers associés à l’alcool ne sont pas tous comptés dans les données statistiques, car ils ne sont pas toujours signalés correctement lors du séjour.
Pour le Pr Paille “cette sous déclaration concerne aussi les pathologies cardiovasculaires, or 8% de la mortalité cardiovasculaire, soit 12.000 décès par an, est attribuée à l’alcool” . Le Dr Reynaud d’ajouter que la sous déclaration “touche également les accidents et plus particulièrement la psychiatrie où un tiers des cas (bipolaire, schizophrénie …) sont associés à une dépendance à l’alcool”.
Selon l’étude, entre 2006 et 2012, ce sont surtout les adultes d’âge mûr (43 ans de moyenne d’âge), qui sont concernés par l’augmentation des hospitalisations pour alcoolisation aiguë. Malgré le phénomène de binge drinking, ces dernières sont restées stables chez les plus jeunes (moins de 24 ans).
Les auteurs recommandent la mise en place d’actions ciblées dans les régions les plus touchées. Le Nord et à la Réunion ont les taux d’alcoolisations aiguës et de dépendance à l’alcool les plus élevés de France.
Texte : AFP / pg