Le dépistage du cancer nécessite encore des techniques approfondies. De plus, il n’existe pas à ce jour de marqueur universel du cancer. Le projet ONCOPRO a pour ambition de résoudre ces difficultés. Il associe des chercheurs des Universités Claude Bernard (Lyon) et Jean Monnet (Saint-Étienne). L’étude, qui portera sur 410 patients suivis pendant 5 ans sera menée aux Hospices civils de Lyon (HCL).
La prograstrine est une pro-protéine fabriquée par l’organisme. Des chercheurs avaient déjà observé qu’elle est présente à des taux élevés chez les personnes atteintes d’un cancer du côlon. Puis ils se sont aperçus que cela est aussi vrai pour d’autres types de cancers. En effet, la progastrine est un composant d’une famille de glycoprotéines qui intervient dans l’embryogénèse et le cancer. Pour Benoit You, professeur à l’Université Claude Bernard et praticien hospitalier aux HCL, elle pourrait être un biomarqueur universel du cancer.
Actuellement, chaque marqueur permettant le diagnostic correspond à un type de cancer. Un marqueur universel permettrait un dépistage plus rapide en orientant rapidement vers la recherche d’un cancer spécifique. De plus, la mesure de la progastrine s’effectue par un simple test sanguin (ELISA).
Le premier objectif d’ONCOPRO, c’est de vérifier que les patients atteints d’un cancer ont bien un taux plus élevé de prograstrine et ce quel que soit le type de cancer. Ensuite, il faudra démontrer que ce taux de progastrine évolue en fonction de l’efficacité du traitement.
Le projet a démarré il y a un an mais est encore dans sa phase d’inclusion : il s’agit de définir des groupes de patients afin d’étudier 16 types de cancers, chacun à différents stades. Ces patients seront ensuite subdivisés en deux groupes, ceux traités en vue d’une guérison et ceux pour lesquels le stade du cancer ne permet plus d’espérer une guérison mais un ralentissement de son évolution.
« Pour nous il était important de vérifier que la progastrine est utile dans les deux situations » explique Benoit You. Disposer d’un marqueur pour les deux sous-groupes permettrait d’améliorer les traitements, quel que soit l’état du patient. Ces deux sous-groupes seront ensuite à nouveaux divisés en cohortes en fonction des 16 types de cancers. Les chercheurs veulent réunir au total 410 patients, nombre calculé pour répondre à des critères statistiques.
ONCOPRO est un programme d’envergure. Il mobilise 16 services des HCL et est coordonné par une plateforme de recherche transversale. Le lien entre recherche et médecine est mis en avant, puisque les profils des professionnels impliqués varient, qu’il s’agisse d’experts en recherche fondamentale ou d’infirmières de recherche clinique.
Ce projet n’existerait pas sans les patients, souligne Benoit You. Ils ont accepté une surveillance régulière pendant 5 ans, avec des prises de sang fréquentes. Un processus contraignant pour des malades parfois soumis à des traitements lourds. Peu d’entre eux ont refusé, bien qu’ils ne bénéficieront pas des avancées escomptées puisqu’il s’agit avant tout d’améliorer le diagnostic. De plus, les tests seront menés en double-aveugle : le résultats des dosages ne sera pas connus de leurs médecins, donc leur traitement ne sera pas ajusté.
« La dynamique qui les guide, c’est l’idée que l’étude sera utile pour d’autres. D’un point de vue éthique, nous nous devons donc de mener des recherches cliniques rigoureuses et exploitables » conclut le praticien.
Source :
Université Claude Bernard Lyon 1
(25 février 2020)