5 questions à la présidente de la Société Française de Gynécologie

Grands projets pour 2018, évolution du métier, bioéthique : nous avons discuté avec la Dr Joëlle Belaisch-Allart, présidente de la Société Française de Gynécologie.

Professeur associé au collège de médecine des Hôpitaux de Paris et chef du pôle Femme-Enfant-AMP au Centre Hospitalier des Quatre Villes à Saint-Cloud, Joëlle BELAISCH-ALLART est revenue avec nous, sur l'actualité de la Société Française de Gynécologie.


Pouvez-vous nous rappeler la mission de la Société Française de Gynécologie ?

La Société Française de Gynécologie (SFG) est une société savante. Son but est donc la recherche, la formation médicale continue et l’évaluation des pratiques professionnelles des gynécologues français.
On y retrouve aussi de la prévention, et bien, sûr la promotion des progrès scientifiques en gynécologie.

Quels sont les grands travaux de la société française de Gynécologie en 2018 ?

Le  gros travail de cette année, c’est l’organisation des Assises de Gynécologie, que nous co-organisons avec la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM), et qui aura lieu à Tours.
C’est un moment important d’échanges avec les gynécologues français.

Quelles sont les relations des gynécologues français avec les autres spécialités ?
Avez-vous des projets en commun avec d'autres corps médicaux ?

Majoritairement avec les différentes branches de la gynécologie obstétrique, mais il nous arrive de collaborer avec toutes les autres spécialités, comme la cardiologie, l’oncologie… et d'une façon générale, toutes les spécialités ayant trait à des problématiques du corps féminin.

Nous évoquions ensemble, lors de notre dernière interview, le don d'ovocytes et notamment, le fait que les donneuses devaient être indemnisées.
Est-ce que la situation a évolué sur le sujet ?

En effet, la Société Française de Gynécologie a contribué au débat sur la Révision de la loi Bioéthique 2018 et a été auditionnée pour le comité consultatif national d'éthique.

La très grande majorité des gynécologues français sont favorables à l'autorisation de l'autoconservation ovocytaire; il fallait donc le faire savoir. C'est ce que nous avons fait, le vice-président Jean Marie Antoine et moi même.

L'autoconservation doit être possible pour toutes les femmes qui le souhaitent, si à 35 ans, elles n'ont pas pu exaucer leur désir d'enfant (faute de partenaire le plus souvent) - mais aussi, en raison du désir plus tardif d'enfant et de la chute de la fertilité avec l'âge.

Actuellement, la seule réponse française aux femmes de la quarantaine et plus dont les ovaires ne fonctionnent plus, c'est le don d'ovocytes. Or non seulement nous manquons de donneuses, mais en plus les grossesses obtenues sont des grossesses à risque. L'autoconservation ovocytaire permettrait aux femmes qui n'ont pas pu exaucer leur souhait de maternité au moment où leur fertilité est maximale, de préserver leur fertilité.

Malheureusement on peut craindre que ce sujet soit le grand oublié de la révision de loi de bioéthique car il n'est soutenu par aucun lobby contrairement à l'AMP pour les femmes homosexuelles ou à la GPA.

Enfin, vous n'êtes pas sans savoir que le système de santé est en pleine mutation.
Peut-on imaginer que le métier de gynécologue va évoluer prochainement ?

Oui, notre métier va évoluer. En AMP, par exemple, ce sera une révolution de société, mais nous l’accompagnerons. Il n’y a pas de raisons médicales de s’opposer à la prise en charge des femmes homosexuelles.

Sous réserve du respect de la clause de conscience, un sondage envoyé en 2017 à tous les membres du CNGOF a révélé que 67,6 % des gynécologues et obstétriciens français sont favorables à la prise en charge de ces femmes, et 59,8 % à la prise en charge des femmes seules.