Au cours de leur rééducation après un AVC, les patients doivent être préparés à la vie quotidienne par le biais d’une rééducation spécifique. Les résultats sont souvent mitigés. De nouveaux programmes d’entraînement sont actuellement à l’essai, dont une approche prometteuse qui consiste à augmenter l’intensité et le niveau de difficulté de l’entraînement (changements de direction, obstacles, terrain inégal).
Dans une nouvelle étude, George Hornby et ses collègues ont comparé un entraînement de rééducation « classique », un entraînement « simple » et un entraînement exigeant à haute intensité.
Au total, 97 patients ont participé à l’étude récemment publiée dans la revue spécialisée Stroke. Le principal critère d’inclusion était que les patients souffraient d’une hémiparésie depuis plus de 6 mois. Tous les patients devaient être capables de marcher 10 mètres seuls.
Par la suite, les participants ont été répartis au hasard dans l’un des trois groupes d’entraînement : Un groupe suivant un entraînement à haute intensité complexe (HIC), un groupe suivant un entraînement à haute intensité simple (HIS) et un dernier groupe suivant un entraînement à basse intensité complexe (BI).
« Complexe » signifiait qu’il y avait un changement de direction au cours de la marche, des obstacles à surmonter, et que le sens de l’équilibre était stimulé en parallèle : le patient était poussé légèrement pendant la marche ou portait des vestes lestées sur un côté du corps.
En revanche, lors d’un entraînement simple, les patients marchaient uniquement en ligne droite sur un tapis roulant. L’objectif des deux formes d’entraînement à haute intensité était d’atteindre une cible d’environ 70 à 80 % de la fréquence cardiaque maximale. En revanche, la zone cible de l’entraînement à faible intensité était fixée à 30 à 40 % de la fréquence cardiaque maximale.
L’intensité des mouvements et l’effort physique ont été mesurés par des capteurs d’activité, de pression artérielle et de fréquence cardiaque chez tous les participants. L’entraînement a eu lieu trois à cinq fois par semaine, pendant deux mois. Chaque séance d’entraînement durait 40 minutes. Le résultat de l’entraînement a été évalué par des tests de marche et de coordination au début et à la fin de l’étude. C’est le cas par exemple du self-selected speed-Test (SSS) qui mesure la vitesse atteinte en marchant sur une distance de 10 mètres. De plus, le test de marche de 6 minutes a été utilisé pour déterminer la vitesse de marche la plus rapide possible ainsi que la distance de marche atteinte.
Après 2 mois d’entraînement, les patients des deux groupes ayant suivi un entraînement à haute intensité ont obtenu de meilleurs résultats aux tests de marche que les patients du groupe « entraînement à faible intensité ». Ils ont respectivement pu augmenter leur vitesse maximale de marche de 0,24 et 0,29 mètre par seconde, alors que les patients du groupe BI n’ont obtenu qu’une augmentation marginale de 0,07 mètre par seconde.
Le test de marche de 6 minutes a donné des résultats similaires : Les sujets HIC et HIS ont respectivement pu augmenter leur distance de marche de 82 et 96 mètres, alors que les participants du groupe BI n’ont parcouru que 34 mètres de plus qu’avant le programme.
Les participants des groupes suivant un entraînement de haute intensité ont également été en mesure d’obtenir de meilleurs résultats dans des études ultérieures portant sur leur capacité à se déplacer et à coordonner leurs activités. Dans l’ensemble, 57 à 80 % d’entre eux ont obtenu une amélioration cliniquement significative de leur mobilité et de leur coordination alors que seulement 9 à 31 % des participants du groupe BI ont obtenu ce résultat.
L’entraînement à haute intensité n’a entraîné aucun effet secondaire notable. Les participants du groupe HIC ont signalé un peu plus de troubles musculo-squelettiques, mais la différence n’était pas significative. Il est intéressant de noter qu’il y avait des indications selon lesquelles les sujets en BI tombaient plus fréquemment (16 chutes par rapport à 8 chutes dans le groupe HIC) : ceci peut signifier que les sujets du groupe HIC sont devenus plus résistants à la suite d’un entraînement plus intensif.
Les résultats de l’étude montrent que les patients ayant subi un AVC ne devraient pas être trop préservés pendant la rééducation. Certains peuvent bénéficier d’un programme d’entraînement exigeant sur le plan mental et physique. Les avantages concrets seraient une diminution du risque de chute ainsi qu’une mobilité et une autonomie accrues dans la vie quotidienne.
L’avantage du programme d’entrainement intensif est qu’il peut être facilement intégré aux processus existants. En principe, rien ne s’oppose à sa mise en œuvre dans la rééducation quotidienne. Toutefois, ces résultats devront être confirmés par des études multicentriques à grande échelle menées auprès d’une population de patients plus hétérogène.
Source :
Hornby et al. Contributions of Stepping Intensity and Variability to Mobility in Individuals Poststroke. A Randomized Clinical Trial.
Originally published 22 Aug 2019. Stroke. 2019;50:2492–2499