Les infections urinaires à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux

Non seulement les infections urinaires (IU) diminuent la qualité de vie de nombre de patients, mais, comme le montre une nouvelle étude américaine, elles augmentent de manière significative le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).

(Par le Dr Marcus Mau)

Non seulement les infections urinaires (IU) diminuent la qualité de vie de nombre de patients, mais, comme le montre une nouvelle étude américaine, elles augmentent de manière significative le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).

Les infections aiguës sont depuis longtemps soupçonnées de favoriser les AVC. Cependant, jusqu’à présent, on ne savait pas si toutes les infections augmentaient ce risque de manière égale, ou bien si il y avait des différences selon leur localisation.

La nouvelle étude de Solly Sebastian et de ses collègues examine, à différents moments, l’influence des infections sur le déclenchement des AVC, des hémorragies intracérébrales ou des hémorragies sous-arachnoïdiennes.

Sur le plan méthodologique, il s’agit d’une analyse des bases de données de patients de 2006 à 2013. Les chercheurs ont utilisés l’odds ratio (OR) ou risque relatif rapproché pour déterminer les rapports entre les différents types d’infections et le risque d’AVC.

Les IU, davantage que les autres infections, augmentent le risque d’AVC

Le résultat de ce travail a démontré qu’en principe toutes les infections augmentaient le risque d’accident ischémique cérébral (AIC). Cependant, les chercheurs ont trouvé une plus grande corrélation entre les infections des voies urinaires et les AVC (OR = 5,32[95 %-KI : 3,69-7,68]), le risque étant fortement accru dans une période de 7 jours.

Par ailleurs, entre les IU et les hémorragies intracérébrales, le risque était significativement plus faible - tout en restant plus élevé que chez les patients sans infection - dans une fenêtre de 14 jours (OR = 1,80[IC à 95 % : 1,04-3,11]) et dans une période de 120 jours (OR = 1,54[1,23-1,94]).

Comme explication potentielle sur le lien entre les infections et les AVC, les auteurs de l’étude avancent que les infections entraînent habituellement une augmentation du nombre de leucocytes, ce qui favorise la thrombogénèse, qui associée à l’infection elle-même et à l’inflammation favorise l’activation plaquettaire.

Conclusion

L’étude en question montre clairement un risque d’AVC trois fois plus élevé dans les 30 jours après une IU. C’est pourquoi, en particulier quand d’autres facteurs de risques sont déjà présents chez un patient, il doit être surveillé étroitement durant le traitement urologique.

Les IU ne sont donc pas seulement un problème urologique, et peuvent interférer avec d’autres spécialités médicales comme la cardiologie ou l’hématologie. L’étude ne précise pas s’il s’agit d’IU simples ou compliquées, mais les résultats suffisent à inciter chaque médecin à traiter ces patients de manière interdisciplinaire, d’autant plus si les patients en question souffrent de comorbidités.

Référence : 
Sebastian S et al., Infection as a stroke trigger: Associations between different organ system infection admissions and stroke subtypes. Stroke 2019; doi:10.1161/STROKEAHA.119.025872