(Par les Drs Hubertus Glaser et Jörg Zorn)
Aujourd’hui, un court questionnaire sur un sujet de la plus haute importance : les maladies cardio-vasculaires en tant que comorbidité la plus importante et la plus fréquente de la BPCO.
On entend souvent : « Le patient atteint de BPCO ne meurt pas de la BPCO, mais de crise cardiaque ». Il s’agit là d’une conclusion un peu trop radicale tirée des données actuelles, comme l’estiment les auteurs d’un récent article1 publié dans le Deutsches Ärzteblatt.
La gravité de la BPCO augmente la probabilité de décès pulmonaire. Quoi qu’il en soit, il est clair que d’un point de vue pronostique, la surveillance du cœur et des vaisseaux, en plus de la maladie pulmonaire principale, est d’une importance cruciale.
Nous utilisons comme source de référence l’article en question, qui porte le joli titre de « Questions pratiques essentielles : La BPCO – une affaire de cœur »1. Il n’y a malheureusement pas de points de FMC à gagner, mais vous trouverez la solution au bas de la page (et, espérons-le, un peu de plaisir à approfondir et/ou confirmer vos connaissances, conformément à notre devise « No quiz, no fun »).
1. Quelle est la fréquence des maladies cardio-vasculaires chez les patients atteints de BPCO ? L’inflammation systémique avec dysfonction endothéliale liée à la BPCO est considérée comme un lien pathogène. Le pourcentage de patients atteints de BPCO et d’une maladie cardio-vasculaire (selon une étude de cohorte française menée à partir de 2016) est d’environ :
35 %
52 %
69 %
2. Le cœur pulmonaire ou l’hypertension pulmonaire dans la BPCO : lesquelles de ces affirmations sont correctes ?
a) L’hypertension pulmonaire (PH), même légère, est également pertinente du point de vue pronostique. Une nouvelle évaluation, qui inclut un examen du rapport de pression dans la circulation pulmonaire, est utile s’il existe un écart considérable entre la gravité des symptômes et la gravité de l’obstruction des voies respiratoires.
b) Chez les patients atteints de BPCO et de diabète de type 2, l’incidence de l’HTAP (hypertension artérielle pulmonaire) semble avoir augmenté de façon significative. Un diagnostic complet doit être réalisé, comprenant une pléthysmographie corporelle, une gazométrie sanguine, un test de capacité de diffusion et si possible une spiroergométrie.
c) Si possible, tous les patients atteints de BPCO grave doivent passer une échocardiographie afin de détecter des signes précoces d’insuffisance ventriculaire gauche ou d’insuffisance cardiaque droite. Le cathétérisme cardiaque droit reste la référence-pour la détection de l’HTAP.
d) Le principe du traitement de la comorbidité chez les patients atteints de BPCO, de la même façon que chez les patients non atteints de BPCO, ne s’applique pas à l’HTAP. Une pharmacothérapie spécifique est également indiquée pour les formes légères, qui sont habituellement présentes chez les patients atteints de BPCO. Ses avantages sont clairement démontrés.
e) Les patients atteints d’insuffisance cardiaque chronique concomitante doivent suivre un traitement médicamenteux, conformément aux lignes directrices.
3. IRM cardiaque de stress à l’adénosine chez les patients atteints de BPCO : dans la détection de la sténose coronarienne hémodynamiquement significative, c’est l’examen qui permet la plus grande précision diagnostique parmi les procédures d’imagerie non invasive. Quelles sont les précautions à prendre ?
a) Dans les cas graves de BPCO accompagnée d’hypoxémie au repos, comme l’asthme et les bronchospasmes, l’administration d’adénosine est contre-indiquée. Les radiologues déconseillent également souvent l’IRM cardiaque de stress à l’adénosine chez les patients moins gravement atteints.
b) L’IRM au régadénoson, qui se lie sélectivement aux récepteurs A2A, n’est pas une alternative. Chez les patients atteints de BPCO, la tomodensitométrie cardiaque doit toujours être préférée comme procédure diagnostique.
c) Aucune.
4. Les biomarqueurs cardiaques chez les patients atteints de BPCO : Quelles affirmations sont correctes ?
a) La mesure de la concentration de troponine T et de BNP/NT-proBNP, les deux biomarqueurs les plus importants en cardiologie, est recommandée chez les patients atteints de BPCO dans sa forme aiguë en raison de leur pertinence pronostique et des éventuelles conséquences sur le plan thérapeutique.
b) Dans l’exacerbation aiguë, environ 50 % des patients atteints de BPCO présentent une augmentation de la concentration de troponine, souvent sans autre signe d’infarctus du myocarde. Selon une étude prospective, l’élévation de la troponine T dans l’exacerbation et la BPCO stable est associée à un risque de mortalité trois fois plus élevé, quels que soient la gravité de la BPCO, l’hypoxémie existante ou les facteurs de risque cardio-vasculaire.
c) Le risque d’infarctus du myocarde est considérablement accru chez les patients atteints de BPCO, surtout au cours des trois premiers mois suivant une exacerbation aiguë. Les raisons de l’augmentation de la mortalité sont un diagnostic tardif, une plus grande gravité que dans le cas de poumons sains et une prévention secondaire moins efficace.
d) L’importance du peptide natriurétique comme marqueur pronostique de la BPCO en tant que telle est visiblement plus faible que celle de la troponine. Cependant, ils apportent une aide pertinente pour identifier l’insuffisance cardiaque chronique, qui touche jusqu’à 20 % des patients atteints de BPCO.
Réponses :
1 a
2 a et d
3 c
4 a et c
Référence :
Neurohr C et al. Essenzielle Praxisfragen: Herzenssache COPD. Dtsch Arztebl 2019;116(7):[10]. doi:10.3238/PersPneumo.2019.02.15.002