Covid-19 : la newsletter du Pr Adnet (N°52 - 25 mai)

Transmission par aérosol, la preuve en dix actes. Dans l'air toujours, l'odeur des patients infectés détectée par les chiens. Vaccins... Quelle efficacité sur le variant indien ? Retrouve-t-on les anticorps du vaccin dans le lait maternel ? Quel impact de la vaccination des personnes âgées en France ? Focus sur un vaccin deuxième génération. Colchicine : encore un espoir douché.


Frédéric Adnet est professeur agrégé de Médecine d'Urgence et chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93. À la fois chercheur et médecin, il fait régulièrement le point sur la Covid-19. Après 46 numéros d'une Foire Aux Questions (FAQ) quotidienne, il publie désormais une newsletter hebdomadaire. Nous la reproduisons ici avec son aimable autorisation. 

Sa FAQ a connu un succès phénoménal. À l'origine destinée aux professionnels de son service, elle est maintenant traduite en plusieurs langues. Dans son interview, Frédéric Adnet revient sur ce succès et explique son attachement à l'Evidence-based medicine. 

Frédéric Adnet est également l'auteur de l'ouvrage Les Fantassins de la République - Urgence COVID, un printemps en enfer, paru en octobre 2020.


INDEX et liste des FAQ / Newsletters


NEWSLETTER N°52 (25 mai 2021)


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ÉPIDÉMIOLOGIE



Transmission par aérosol : où en est-on ?

Nous savons que la transmission par postillons est avérée et documentée. Il nous a fallu beaucoup plus de temps pour évoquer la transmission par aérosol, c'est-à-dire par de très fines particules infectées qui restent en suspension dans l’air. La grande différence réside dans la «portée» de la transmission «efficace» : pour les postillons elle est de l’ordre de 1 à 2 mètres alors que l’aérosol diffuse sur de plus grandes distances. 

Dans un article de revue, des scientifiques font le point et énumèrent les dix arguments factuels qui consolident l’hypothèse de la transmission par aérosol (Lancet, 1er mai 2021).

  1. Dans tous les travaux de modélisation effectués, les contaminations survenues dans des restaurants, des autocars, des avions de ligne, des hôtels et des bateaux de croisière ne peuvent pas être expliquées par des transmissions de courte portée (contact avec les mains, postillons) mais plutôt par une vectorisation à longue distance (air conditionné, ventilation, etc.) 
  2. Les cas cliniques de contaminations entre chambres adjacentes sans contact humain ont bien été documentés.
  3. Les cas de transmissions à partir de personnes asymptomatiques (ne toussant pas et n’éternuant pas) ont été documentés.
  4. Les transmissions dans des sites cloisonnés sont beaucoup plus fréquentes qu’à l’air libre. Cette différence ne peut être expliquée que par un phénomène de dilution de l’air (et donc de la voie aéroportée).
  5. Des contaminations en milieu médical ont été démontrées alors que toutes les précautions contre les gouttelettes/postillons avaient été prises.
  6. Le SARS-CoV-2 viable et infectant a été détecté et isolé dans l’air ambiant (durée de vie de plus de 3 heures avec une demi-vie estimée à 1,1 heure).
  7. Le SARS-CoV-2 a été détecté dans les filtres d’air conditionné ou d’aération d’immeubles.
  8. Des expérimentations animales (furets) avec des cages séparées ont démontré l’existence de contaminations.
  9. Aucune étude n’a pu démontrer l’inexistence de la transmission aéroportée.
  10. La concentration du virus semble très importante dans les particules en suspension dont la taille est plus proche des 100 µm que des «célèbres» 5 µm, taille largement évoquée dans la littérature.

Conclusion, ouvrez les fenêtres !



Et revoilà les toutous renifleurs !

Nous avions évoqué la possibilité d’utilisation de chiens «renifleurs» pour détecter des patients infectés par la Covid-19 (cf. newsletter n°14). Continuons ! Dans un preprint, des auteurs ont testé le flair de nos meilleurs amis, en particulier celui de cockers et de malinois, afin de détecter les effluves de patients Covid-19+ (bioRxiv non encore reviewé, 20 janvier 2021).

Après un entraînement intensif de 15 jours, les chiens étaient capables de détecter des patients Covid-19+ à partir d’un échantillon de sueurs axillaires, récolté dans des cônes à renifler ! Il y eut 1.368 essais à partir de 151 patients malades et 110 patients indemnes de la Covid-19. 

Résultat : 

À compléter par une étude avec de vrais patients !

[Merci au Dr Axel Ellrodt]

 


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VACCINS



Vaccins et variant indien : quelle efficacité ?

Le variant Indien (B.1.617.2) progresse en Inde et en Angleterre (cf. newsletter n°48 et 50). Il est source d’inquiétude car ce virus semble plus transmissible que le variant anglais et il affecterait une population plus jeune. Nous avons vu que le vaccin Indien Covaxin® avait une bonne efficacité sur ce variant (voir newsletter n°50). Qu’en est-il pour nos vaccins européens ?

Une analyse cas-contrôle a été effectuée du 5 avril au 16 mai 2021 en Angleterre pour comparer l’efficacité des vaccins Pfizer-BioNTech® et Astra-Zeneca® sur les variant anglais (B.1.1.7) et indien, concernant l’apparition de la Covid-19 symptomatique (MedRixv, preprint non encore reviewé, 22 mai 2021).

Les résultats sont encourageants après 15 jours suite à une vaccination complète (deux doses). 

Bon nous constatons une baisse légère de l’efficacité, nous sommes donc légèrement rassurés !

[Merci au Dr Axel Ellrodt]



Que deviennent les anticorps du vaccin chez les parturientes ?

Nous savons maintenant que les parturientes ne constituent plus une non-indication à la vaccination. D’autant plus que ce groupe de patientes a un risque de Covid-19 grave (cf. newsletter n°20). Des chercheurs ont voulu savoir si les anticorps générés par le vaccin pouvaient se retrouver dans le lait maternel des mamans allaitantes après vaccination (JAMA, 18 mai 2021).

Hé bien... les anticorps sont dans le lait ! Les IgA se sont élevées rapidement et significativement deux semaines après la deuxième dose de vaccin. 

À la semaine 4 : 

Ces anticorps, qui étaient fortement neutralisants, pourraient-ils procurer une immunité chez les nouveaux nés ? C’est une hypothèse que soulèvent les auteurs de cette étude…



Le vaccin deuxième génération est arrivé !

Une troisième dose de vaccin semble inévitable pour augmenter la réponse immunitaire des patients immunodéprimés et peut-être, à terme, pour «booster» la protection immunitaire contre le virus lorsque nos défenses faibliront (on ne connaît pas encore exactement la durée de l’immunité efficace procurée par les deux doses de vaccin).

Moderna®, dans un communiqué de presse, annonce l’expérimentation d’une troisième dose qui serait soit un ARNm classique codant pour la protéine S de la souche «historique» du SARS-CoV-2 soit un ARNm nouveau codant pour cette protéine mais avec les caractéristiques du variant sud-africain : le mRNA-1273.351 (Reuters, 5 mai 2021). 

L’expérimentation a aussi testé un mélange des deux vaccins en troisième dose. Les premiers résultats, sur 40 volontaires, montreraient une production d’anticorps neutralisants très importante, supérieure aux vaccins de première génération. On n’en sait pas plus ! C’est donc la première fois que l’on expérimente ces vaccins de seconde génération ciblant des variants !

Affaire à suivre avec grand intérêt !



Impact de la vaccination en France pour les sujets âgés : convaincant !

L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) publie les résultats préliminaires de l’impact de la vaccination en France sur les personnes de plus de 75 ans : l’enquête EPI-PHARE (ANSM, 21 mai 2021).

Ces chiffres «collent» bien avec ce que l’on avait observé en milieu hospitalier : une baisse très importante des patients âgés victime de la Covid-19 !

 





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TRAITEMENTS



Colchicine : fin d’un espoir ?

Nous avions parlé de l’espoir engendré par les premières publications sur le traitement par la colchicine des malades hospitalisés atteints de Covid-19 (cf. newsletters n°8 et 38). L’essai RECOVERY douche cet espoir (medRxiv non encore reviewé, 18 mai 2021). 

Bon, ça a au moins le mérite d’être clair !

 


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