Covid-19 : la newsletter du Pr Adnet (N°10 - 14 juillet)

Immunité, transmission... Les nouvelles ne sont pas bonnes. L'immunité croisée ne semble pas fonctionner chez les enfants et les scientifiques alertent sur la transmission du SARS-CoV-2 par aérosol. Les furets leur donnent raison. Quant aux personnes asymptomatiques, elles jouent un rôle majeur dans la transmission. Un point aussi sur la population carcérale, durement touchée aux États-Unis, ainsi que sur la forte surmortalité liée au manque de suivi des pathologies chroniques pendant la pandémie.

Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Après 46 numéros d'une FAQ quotidienne, il propose désormais une newsletter hebdomadaire. Nous la reproduisons ici avec son aimable autorisation. 

INDEX et liste des FAQ / Newsletters


NEWSLETTER N°10 (14 juillet)


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ÉPIDÉMIOLOGIE


Immunité croisée : fausse piste ?

Nous avions vu que l’analyse d’échantillons sanguins de patients ayant des anticorps dirigés contre les quatre autres coronavirus saisonniers «gentils» (NL63, HKU1, 229E, OC43) et qui ne donnent que des rhumes pouvaient être efficaces in vitro contre le SARS-CoV-2. Cette découverte avait suscité bien des espoirs et en particulier aurait pu expliquer la plus faible contamination observée chez les enfants.

Patatras ! Une étude française (non encore reviewée) met en évidence que les enfants, qu’ils portent ou non des anticorps contre des coronavirus saisonniers «gentils» peuvent être infectés de la même manière par le SARS-CoV- 2 (medRxiv, non reviewée, 30 juin 2020).


Le SARS-CoV-2 et les prisonniers

La prison représente le milieu confiné par définition ! Une étude s’est intéressée à l’incidence du COVID-19 et à sa mortalité chez les prisonniers entre le 31 mars et le 6 juin 2020 aux États-Unis (JAMA, 8 juillet 2020).


Transmision par aérosols : la lettre ouverte de 239 scientifiques

Il est rare que des chercheurs adressent des lettres ouvertes sur une prise de position scientifique. C’est ce qui vient d’arriver pour prendre en compte le risque de transmission par aérosol du SARS-CoV-2 (Clinical Infectious Diseases, 6 juillet 2020).


Transmission par aérosols : même les furets vous le disent !

On sait que les furets peuvent se contaminer avec le SARS-CoV-2. Une expérience originale prouve la contamination par aérosols entre deux cages séparées de 10 cm d’air, sans qu’il n’y ait de contacts entre les animaux mais avec par contre une ventilation à un débit élevé de 100 L/min (Nature Communication, 8 juillet 2020).

[merci au Dr. Axel Ellrodt]

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Schéma : furets dans la même cage = transmission du virus par contact, furet seul dans la cage séparée par 10 cm d’air = transmission par aérosol.


Les asymptomatiques, un rôle majeur dans la transmission ?

Nous avons vu qu’il fallait distinguer parmi les patients malades COVID-19 asymptomatiques (entre 18-31% des patients) ceux qui resteront asymptomatiques (asymptomatiques «vrais») et ceux qui sont pré-symptomatiques, c’est à dire qu’ils ne présentent aucun signe avant que ne se développe la maladie (c’est ce qu’on appelle les clusters silencieux).

Nous savons aussi que le maximum de transmission survient dans les 48 heures avant l’apparition du premier symptôme. Un travail de modélisation s’est évertué à mesurer l’impact de la transmission par ces deux types de patients en se basant sur des hypothèses de transmissions décrites dans la littérature (PNAS, 3 juillet 2020).

Pas encourageantes, ces données !


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CLINIQUE


Mortalité cachée du COVID-19

Lorsque l’on nous annonce quotidiennement le nombre de morts du COVID-19, on ne tient compte que des décès directement liés au COVID. L’analyse réelle de l’impact du COVID se fera en comparant la mortalité globale observée pendant l’épidémie avec la mortalité attendue basée sur la moyenne des années précédentes.

Nous devons nous attendre à une mortalité supérieure à celle qui nous est annoncée chaque jour. Pourquoi ? Parce qu'il est probable que la désertification des structures de soins par les personnes souffrant d’autres pathologies engendre une mortalité «autres causes» qui serait la conséquence du COVID. C’est ce qu’a observé une équipe de chercheurs en analysant la mortalité des autres grandes pathologies durant l’épidémie du COVID-19 aux États-Unis (JAMA, 1er juillet 2020).


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