FAQ Covid-19, fin de partie ? Merci au Pr Adnet ! (FAQ N°46 - 13 mai)
MERCI INFINIMENT au Pr Adnet pour cette FAQ Covid-19 qu'il diffuse sans relâche depuis le 12 mars. Cet opus 46 est le dernier, avant nous l'espérons une version hebdomadaire. Au menu : immunité, obésité, mortalité, et corticoïdes.
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°46 (13 mai)
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Monde : 84.500 nouveaux cas hier. 4.262.799 cas confirmés (décès 291.981, guérisons 1.493.661) dans 187 régions ou pays.
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France : 802 nouveaux cas hier. 178.349 cas confirmés avec 26.646 décès et 57.898 guérisons.
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Italie : 1.400 nouveaux cas hier. 221.216 cas confirmés, 30.911 décès et 109.039 guérisons.
(Source : Johns Hopkins University)
COVID et immunité
Est-on immunisé après avoir contracté le COVID-19 ?
L’immunité acquise pourrait soit empêcher une réinfection, soit diminuer la sévérité d’une nouvelle infection.
Voici une mise au point publiée dans le JAMA (JAMA, 11 mai 2020).
Ce que l’on sait :
- L’infection au SARS-CoV-2 déclenche une réaction immunitaire attestée par la production d’anticorps.
- Il n’y a pas de corrélation prouvée entre le titre des anticorps et les formes cliniques ou l’évolution de la maladie.
- Pour les autres coronavirus, des anticorps protecteurs existent jusqu’à 3 ans pour le SARS-CoV et 34 mois pour le MERS-CoV.
- Il y aurait expérimentalement, sur nos fameux macaques, des échecs de réinfection par le SARS-CoV-2, 28 jours après l’infection primaire.
- Des réinfections ont été documentées pour 3 autres coronavirus humain entrainant des rhumes à distance du premier épisode.
- Il n’y a eu aucun cas de réinfection documentée avec le SARS-CoV-2 à ce jour (sur plus de 4 millions de cas confirmés).
- En conclusion, il existe un faisceau d’arguments pour penser qu’il existe une immunité efficace et probablement temporaire.
- Une grande étude de cohorte de patients infectés est nécessaire pour démontrer rigoureusement ce point.
COVID et obésité
On sait que l’âge est le principal facteur de risque de mortalité du COVID-19 (FAQ N°45).
Qu’en est-il de l’obésité chez les patients jeunes âgés de moins de 60 ans ?
- Des auteurs ont étudié la valeur du BMI > 25 kg/m2 (aïe, je suis dedans !) comme facteur de risque de mortalité dans cette population (Clinical Infectious Diseases, 8 mai 2020).
- Comparé au groupe de maigres (N=26), le groupe de patients avec un BMI élevé (N=29) avait significativement plus de pneumopathies (41% vs. 11%) et plus de recours à la ventilation mécanique (14% vs. 0%).
- Pas de mortalité dans les deux groupes (ouf !).
COVID et mortalité
Le vrai impact en terme de mortalité du Covid-19 viendra de la comparaison des courbes de mortalité globale de la population entre mortalité observée et mortalité attendue (par exemple mortalité moyenne de 2019). C’est le travail qu’a publié l’Observatoire régional de la santé (ORS, avril 2020).
Entre le 1er mars et le 10 avril 2020, comparée aux décès de 2019, la surmortalité était de +118% pour la Seine-Saint-Denis, +101% pour les Hauts-de-Seine, +94% pour le Val-de-Marne et +93% pour Paris.
Les facteurs explicatifs de ces différences observées sont à rechercher dans la densité de la population, les conditions de logements, les caractéristiques sociales, l’exposition professionnelle et l’état de santé des différentes populations.
[Merci au Dr. Albert Boccara]
COVID et corticoïdes
L’efficacité des corticoïdes n’a toujours pas été clairement démontrée dans le Covid-19.
- Dans cet article en preprint américain, les auteurs ont inclus des patients Covid-19+ avec une pneumopathie (medRxiv, non encore reviewé, 5 mai 2020).
- Deux périodes d’une semaine ont été définies pour le recrutement : la première semaine les patients ne recevaient pas de corticoïdes (groupe contrôle ; N=81) et l’autre semaine, les patients recevaient de la méthylprednisone 0,5 à 1 mg/kg/j pendant 3 jours (N=132).
- Les résultats ont montré une diminution de la durée d’hospitalisation et une diminution de recours à des techniques ventilatoires invasives dans le groupe traité.
- Étude type «avant-après», non randomisée, faible niveau de preuve.
C’était la dernière FAQ !
«Dans ces temps de post-crise alliés à une certaine redondance de la littérature, je vais arrêter cette FAQ quotidienne.
Je remercie tous ceux qui ont pris le temps de lire ces petits résumés que j’ai essayé de rédiger pour être accessible à un public pas forcément spécialiste. J’espère que ces FAQ ont pu leur être utiles.
Je tiens aussi à remercier les nombreux confrères qui m’ont envoyé des articles intéressants dont la plupart ont été résumés dans cette FAQ !
Je veux particulièrement remercier chaleureusement Malika CHAFAI, qui m’a relu, a géré la liste de diffusion et avait la responsabilité de vous envoyer ces FAQ par mail.
Je diffuserai une newsletter - à un rythme que j’espère hebdomadaire - lorsque la littérature fournira assez de nouveautés pour être condensée.»
Pr Frédéric Adnet