Covid-19 : à chaque jour ses réponses, par le Pr Adnet (FAQ N°45 - 12 mai)
Les lamas à la rescousse, une vaste étude anglaise sur les facteurs de risque (âge, comorbidité, ethnies, etc.), une immunité qui semble avérée (mais quid de sa durée ?) et enfin le retour du retour de l'hydroxychloroquine (spoil : dans cet opus n° 234.652, on parle notamment d'arrêts cardiaques et d’intervalles QTc). Merci au Pr Adnet pour cette FAQ Covid-19 du 12 mai !
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°45 (12 mai)
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Monde : 93.800 nouveaux cas hier. 4.190.817 cas confirmés (décès 286.513, guérisons 1.462.560) dans 187 régions ou pays.
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France : 453 nouveaux cas hier. 177.547 cas confirmés avec 26.646 décès et 56.835 guérisons. [il y a toujours un problème de comptage par ce site officiel pour la France]
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Italie : 744 nouveaux cas hier. 219.814 cas confirmés, 30.739 décès et 106.587 guérisons.
(Source : Johns Hopkins University)
COVID et lama
Une équipe annonce être en mesure de synthétiser des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2. Ces anticorps proviennent d’un… lama (Cell, 11 mai 2020) !
- Ces anticorps ont été prélevés chez des lamas immunisés. Ils étaient actifs contre le SARS-CoV (responsable du SRAS) et le MERS-CoV.
- Les auteurs ont trouvé qu’ils étaient aussi efficaces sur le SARS-CoV-2.
- Cet anticorps spécifique du lama (appelle VHH) est sans chaine légère et ne produit pas de réaction allergique chez l’homme (il n’a pas besoin d’être humanisé).
- Il se fixe sur la protéine S du virus, responsable de la fixation au récepteur ACE2 qui est nécessaire à l’infestation de la cellule.
- Le meilleur candidat serait l’anticorps de lama VHH-72-Fc.
- Des essais sur l’animal (hamsters) devraient débuter.
Bardot pas contente.
COVID et facteurs de risque
Une étude anglaise sur plus de 17 millions d’adultes dont 5.683 patients décédés du COVID-19 a permis de dégager les principaux facteurs de risques associés à cette mortalité par rapport à la population générale (medRxiv, non encore reviewé, 7 mai 2020).
- Dans le modèle ajusté, l’âge est, et de loin, le principal facteur de risque (HR pour 60-70 ans = 2,09 ; HR pour 70-80 ans = 4,77 ; HR pour > 80 ans = 12,64).
- Le sexe masculin, la pauvreté, la présence de comorbidités comme l’asthme sévère, le diabète déséquilibré, l’obésité (BMI > 30 kg/m2), l’insuffisance cardiaque, le cancer, une pathologie neurologique sont des autres facteurs de risque.
- Les ethnies africaines et asiatiques apparaissent comme un facteur de risque même après ajustements multiples, c’est-à-dire en ajustant sur le statut social et les comorbidités.
- Curieusement, le non-fumeur actif et l’HTA ne sortent pas comme facteurs de risque dans cette étude.
[Merci au Dr. Jocelyn Gravel]
COVID et immunité
On est maintenant certain que l’infection virale induit une réponse immunitaire (production des IgG et IgM). Cette production d’immunoglobulines est-elle immunisante ?
- Une équipe a étudié le pouvoir neutralisant (immunités cellulaires et humorales) du sérum prélevé chez 14 patients COVID+ convalescents (Immunity, 28 avril 2020).
- 13 de ces sérums avaient une action neutralisante (et donc immunisante).
- La neutralisation était d’autant plus forte que les titres d’immunoglobulines étaient élevés.
- Reste à connaitre la durée de cette efficacité…
[Merci au Dr. Sébastien Beroud]
COVID et hydroxychloroquine - Épisode 234.652 !
- Le JAMA vient de publier les résultats d’une étude de cohorte américaine multicentrique et rétrospective rassemblant 1.438 patients COVID-19+, hospitalisés dans 25 hôpitaux de l’état de New-York et représentant 88% des patients hospitalisés (JAMA, 11 mai 2020).
- Les auteurs ont voulu déterminer s’il existait une association entre un traitement comprenant l’hydroxychloroquine associé ou non à l’azithromycine et la mortalité intra-hospitalière.
- La mortalité observée était de 20%.
- Après ajustement, et comparé aux patients qui ne recevaient pas ces médicaments (N=221), il n’y avait aucune différence significative avec les patients recevant de l’hydroxychloroquine (N=271), l’association hydroxychloroquine et azithromycine (N=735) ou les patients ne recevant que de l’azithromycine (N=221).
- Par contre, le pourcentage d’arrêts cardiaques était significativement associé à l’association hydroxychloroquine et azithromycine, et non lorsque que les patients recevaient un des deux médicaments en monothérapie.
- L’intervalle QTc était significativement allongé chez les patients recevant l’hydroxychloroquine avec ou sans azithromycine.
- Les auteurs concluaient qu’il n’y avait pas d’association entre ces traitements et la mortalité et soulignaient que la nature rétrospective et observationnelle du design de l’étude limitait la portée des résultats.
- Faible niveau de preuve.
Pr Raoult pas content.