Covid-19 : à chaque jour ses réponses, par le Pr Adnet (FAQ N°43 - 9 mai)
Déconfinement et mesures barrières, ça marche ? Transmission par voie sexuelle, que sait-on ? Mais aussi deux nouvelles études concernent l’hydroxychloroquine (dont l'une sur des patients traités pour lupus), et un gros point d'interrogation quant à l'intérêt d'une supplémentation en zinc. Merci au Pr Adnet pour cette FAQ Covid-19 du 9 mai !
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°43 (9 mai)
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Monde : 93.800 nouveaux cas hier. 3.954.246 cas confirmés (décès 275.179, guérisons 1.331.733) dans 187 régions ou pays.
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France : 1.300 nouveaux cas hier. 176.202 cas confirmés avec 26 .233 décès et 55.892 guérisons [il y a toujours un problème de comptage par ce site officiel pour la France].
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Italie : 1.300 nouveaux cas hier. 217.185 cas confirmés, 30.201 décès et 99.023 guérisons.
(Source : Johns Hopkins University)
COVID et sexe
Le COVID se transmet-il par voie sexuelle ?
Personne ne pensait à cette question… Des récepteurs ACE2 ont pourtant été mis en évidence dans les testicules et certains patients peuvent présenter des signes d’infections urinaires au cours de la maladie. La question n’est donc pas saugrenue !
- Deux études sont contradictoires.
- Une première réalisée chez 38 patients COVID+ dans sa forme grave retrouvait des tests PCR de sperme positifs chez 6 (16%) patients (JAMA, 4 mai 2020).
- L’autre étude recherchait des SARS-CoV-2 par PCR dans le sperme chez 34 adultes COVID-19+ symptomatiques peu graves (Fertility and Sterility, 24 avril 2020).
- 6 (19%) avaient des signes d’infection urinaire.
- Aucun test n’est revenu positif jusqu’à un mois de suivi.
On est bien avancé !
COVID et déconfinement
Une modélisation construite sur les chiffres issus de l’épidémie ayant affecté la région de Wuhan a permis de construire un outil prédicatif quant à l’efficacité des différentes mesures de déconfinement (Nature, 4 mai 2020).
- À partir d’une estimation de 114.325 cas de COVID-19 en Chine continentale au 29 février 2020, les auteurs ont calculé que sans les mesures de confinement il y aurait eu une augmentation de (en médiane) 67 fois (44 - 94) du nombre de cas.
- La mesure la plus efficace semble être la détection précoce et l'isolement des cas suspects.
- L’effet le plus rapide est obtenu avec la combinaison ce cette détection avec les mesures de barrières (masques, distanciation).
- La levée du confinement ne semble pas conduire à une augmentation des cas si les mesures barrières peuvent être maintenues, même à un niveau limité de 25%.
[merci au Dr. Axel Ellrodt]
COVID et zinc
Plusieurs médecins ont proposé des supplémentations en zinc pour les patients COVID-19+ en se basant sur ses propriétés de modulation de l’inflammatoire et sur quelques résultats encourageants sur la grippe.
- Des auteurs se sont demandés si une supplémentation en zinc pouvait avoir une influence sur la progression du SIDA chez des patients HIV+ et dépendants à l’alcool (JAMA, 8 mai 2020).
- 254 patients ont été inclus dans cet essai randomisé en double aveugle.
- Les résultats ne montraient aucune différence dans le critère principal qui était un score de risque de mortalité (VACS score) ni sur les autres marqueurs de la maladie.
Ca commence bien !
COVID et hydroxychloroquine
Une étude observationnelle prospective sur l’évaluation du traitement de l’hydroxychloroquine (ou chloroquine) chez des patients COVID-19+ vient d’être publié dans le NEJM (chose rare, ce journal ne publie d’habitude que des essais randomisés).
- Il s’agit d’une cohorte de 1.376 patients COVID-19+ ayant des critères d’hospitalisation sans détresse vitale (NEJM, 7 mai 2020).
- Les auteurs se sont attachés à déterminer s’il existait une association entre la prise d’hydroxychloroquine et la survenue d’un critère composite : décès ou intubation.
- Les résultats montraient qu’il n’existait pas d’association entre les deux critères (HR = 1,04 ; IC95%[0,82 ;1,32].
- Cette absence d’association n’était pas modifiée après appariement des patients par score de propension, ni par la réalisation de multiples études de sensibilité.
- Ce résultat suggère que l’hydroxychloroquine ne constitue ni un facteur aggravant ni un facteur protecteur du COVID-19.
- Étude sans groupe contrôle donc avec faible niveau de preuve.
(Pr Raoult pas content).
COVID et lupus
Le traitement de base du lupus érythémateux disséminé est l’hydroxychloroquine.
Est-ce que ces patients attrapent moins le COVID-19 ? Un élément de réponse dans ce travail qui étudie une cohorte de 80 patients présentant un lupus et le COVID-19+ (Annals of the Rheumatic Diseases, 7 mai 2020).
- Les patients étaient traités par l’hydroxychloroquine dans 64% des cas (51/80).
- Le taux d’hospitalisation et le pourcentage des formes sévères ne différaient pas entre les patients traités et ceux non traité par l’hydroxychloroquine.
- Les auteurs concluaient que le traitement par l’hydroxychloroquine ou la chloroquine ne protégeait pas de l’infection COVID-19 chez les patients souffrant d’un lupus.
- Étude de cohorte donc faible niveau de preuve.
(Pr Raoult pas content).