Covid-19 : à chaque jour ses réponses, par le Pr Adnet (FAQ N°39 - 4 mai)
Focus sur les facteurs de risque, l'impact modéré des traitements anti-HTA, une nouvelle preuve de la prédominance des formes bénignes chez l'enfant, un risque de confusion avec la dengue, et la présence avérée de virus infectieux dans les urines. Merci au Pr Adnet pour cette FAQ Covid-19 du 4 mai !
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°39 (4 mai)
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Monde : 79.400 nouveaux cas hier. 3.508.566 cas confirmés (décès 247.531, guérisons 1.128.181) dans 187 régions ou pays.
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France : 407 nouveaux cas avant-hier. 168.925 cas confirmés, 24.900 décès et 50.885 guérisons.
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Italie : 1.400 nouveaux cas hier. 210.717 cas confirmés, 28.884 décès et 81.654 guérisons.
(Source : Johns Hopkins University)
COVID et facteurs de risque
Trois articles successifs du NEJM concernant la cardiologie et le COVID-19 ont été publiés (NEJM, 1er mai 2020) !
- Dans le premier article les auteurs décrivent les facteurs de risque de mortalité chez 8.910 patients COVID-19+ hospitalisés (6% de mortalité) dans 169 hôpitaux de 11 pays (Asie, Europe, Amérique du Nord).
- Les facteurs de risques indépendants identifiés et reliés à une surmortalité étaient l’âge (>65 ans), les antécédents coronariens, l‘insuffisance cardiaque, la présence d’un trouble du rythme, une BPCO et être fumeur actif.
- Résultat le plus surprenant : l’HTA n’est pas sortie comme un facteur de risque avec un taux de 26% chez les survivants, et 25% chez les patients décédés (différence 1,2 IC95%[-2,8 ;5,1].
- Le tabac n’était pas non plus protecteur dans cette étude contrairement à d’autres (FAQ N°32).
COVID et HTA
Coup de sifflet final (FAQ N°7, 20 et 36) !
- Les trois articles du NEJM (le précédent et deux autres) du même numéro (NEJM, 1er mai 2020) se sont intéressés à l’impact éventuel de la prise chronique de traitements anti-HTA sur le COVID-19.
- Le premier incluait 8.910 patients, le deuxième 6.272 patients et le dernier 5.894 (total : 21.076 patients).
- La première étude ne retrouvait pas de sur-risque de mortalité chez les patients COVID-19 avec les ARA2 mais un effet protecteur avec les statines et les IEC.
- La deuxième étude retrouvait une fréquence plus importante de ces traitements chez les malades COVID-19, en lien avec une sur-représentation des patients avec antécédents cardiaques, mais pas de formes plus graves liées avec un traitement avec ARA2 ou IEC.
- Enfin, la troisième étude ne retrouvait pas un risque plus important de contracter la maladie ou sa forme grave pour le personne sous traitement antihypertenseur (IEC, ARA2, diurétique, bêtabloqueurs, inhibiteur calcique).
- En conclusion, les traitements antihypertenseurs apparaissent avoir un impact modéré sur la sévérité de la maladie COVID-19 et un effet protecteur n’est pas à exclure pour les IEC ou les statines.
[Merci au Pr. Jean-Jacques Mourad]
COVID et enfants
Plusieurs travaux démontrent que le COVID-19 chez les enfants est surtout bénin (FAQ N°28, 32 et 35).
Un travail Italien va dans ce sens avec une cohorte de patients jeunes (< 18 ans).
- Les auteurs comparent cette cohorte à d'autres (enfants également) déjà publiées provenant de la Chine et des États-Unis (NEJM, 1er mai 2020).
- Ils ont inclus 100 enfants (âge moyen 3,3 ans) qui représentaient 1% des COVID-19.
- Dans 45% des cas, la transmission survenait dans la cellule familiale.
- Les signes cliniques étaient la toux (44%), la fièvre (54%) et une anorexie (refus biberon) dans 23% des cas.
- Une désaturation survenait chez 4% des enfants et 9 enfants ont reçu de l’oxygène.
- Aucun décès.
- Lorsque l’on rassemble les quatre cohortes d’enfants décrites dans l’article (N=3.574), la mortalité était de 0,1% (5 cas).
- Ces séries confirment la prédominance des formes bénignes avec une mortalité très faible.
COVID et dengue
On signale des sérologies positives (IgM, IgG) pour la dengue alors que les patients développaient le COVID-19 (Lancet Infect Dis, 4 mars 2020).
- Alors que les tableaux cliniques des deux maladies peuvent être semblables, les auteurs révélent que deux patients ont été diagnostiqués «dengue» sur le résultat de sérologies positives à Singapour.
- Devant la persistance des symptômes, des PCR pour le SARS-CoV-2 ont été pratiquées qui se sont révélées positives !
Attention aux régions ou la dengue est endémique !
[Merci au Dr. Remi Girerd]
COVID et urine
On a estimé que le SARS-CoV-2 ne passait que très peu dans les urines (FAQ N°3).
- Des auteurs ont trouvé un virus SARS-CoV-2 entier et infectant dans les urines d’un patient (Emerg Microbes Infect, 28 avril 2020).
- Il s’agissait d’un homme de 72 ans qui a développé une forme grave du COVID-19 avec détresse respiratoire, ventilé mécaniquement.
- Les PCR des urines revenaient régulièrement positives.
- La mise en culture des échantillons d’urine est revenue positive prouvant la présence de virus entier et infectieux.
- Une nouvelle voie de transmission ?
[Merci au Dr. Axel Ellrodt]