Covid-19 : à chaque jour ses réponses, par le Pr Adnet (FAQ N°37 - 30 avril)
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19. Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°37 (30 avril)
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Monde : 80.000 nouveaux cas hier. 3.196.664 cas confirmés (décès 227.723, guérisons 981.128) dans 185 régions ou pays.
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France : 3.100 nouveaux cas avant-hier. 166.543 cas confirmés avec 24.121 décès et 49.118 guérisons [il y a toujours un problème de comptage par ce site officiel pour la France].
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Italie : 2.100 nouveaux cas hier. 203.591 cas confirmés, 27.682 décès et 71.252 guérisons.
(Source : Johns Hopkins University)
COVID et non-COVID
On avait signalé une baisse des urgences médicales autres que le COVID pendant l’épidémie (FAQ N°16).
C’est maintenant quantifié par une publication dans le NEJM pour les syndromes coronariens (NEJM, 28 avril 2020).
- Une équipe italienne a comparé les admissions pour syndrome coronarien aigu dans 15 hôpitaux du nord de l’Italie entre le 20 février et le 31 mars 2020 par rapport à la même période en 2019 et à une période de référence de la même année, avant l’épidémie.
- Le taux d’admission pendant l’épidémie (13,3 admissions par jour) était significativement plus bas par rapport à la période avant épidémie (18,0 admissions par jour) et l’année précédente (18,9 admissions par jour).
- Détail intéressant : parmi les SCA, ce sont surtout les SCA non ST+ qui ont été impactés par cette baisse.
- Cette morbi-mortalité silencieuse du COVID-19 devrait être mise en évidence…
COVID et Crohn
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) - essentiellement la maladie de Crohn et la RCH - devraient logiquement être des situations à risque pour le COVID-19, puisque les patients bénéficient souvent d’un traitement anti-inflammatoire et/ou immunosuppresseur. Pourtant, peu de cas de MICI compliqués de COVID-19 ont été rapportés.
- Dans une lettre récente à Gut - journal de la British Society of Gastroenterology (Gut, 20 avril 2020) - les auteurs décrivaient une forme grave de COVID-19 chez un patient porteur de la maladie de Crohn et sous traitement immunosuppresseur anti-TNF (adalimumab).
- Il n’y eut pas de symptomatologie abdominale dans ce cas, l’adalimumab a été suspendu, et l’évolution a été rapidement favorable.
- Les auteurs évoquaient même un possible effet protecteur de cette molécule contre l’orage cytokinique.
COVID et Kawasaki
On a signalé (FAQ N°36) un inquiétant cluster actuel d’état de choc cardiogénique probablement lié au COVID-19 chez l’enfant.
Il ferait suspecter une myocardite et/ou une vascularite de type Kawasaki.
- Il y a une soixantaine de cas en Europe dont 21 en Île-de-France.
- La majorité a un diagnostic COVID-19.
- L’association entre la vascularite de Kawasaki et le COVID-19 a été signalée récemment (Hospital Pediatrics, 7 avril 2020) :
- Il s’agissait d’un enfant de 6 mois, COVID-19+, qui a développé les signes cliniques du COVID (fièvre, refus du biberon).
- À J4 est survenue une éruption érythémateuse de type maculo-papuleux, non prurigineuse, associée à une conjonctivite, une stomatite et un œdème des extrémités.
- Le diagnostic de maladie de Kawasaki a été évoqué.
- L’évolution a été favorable sous perfusion d’immunoglobuline.
- C’était, à notre connaissance, le seul et premier cas décrit (avant le cluster actuel).
[Merci au Dr Jocelyn Gravel]
COVID et charge virale
- Un article complet a collecté les charges virales (3.497 prélèvements) chez 96 patients COVID-19+ hospitalisés (BMJ, 21 avril 2020).
- Les PCR étaient positives dans le nasopharynx (100%), la salive (100%), les selles (59%), le sérum (41%) et l’urine chez un seul patient (1%).
- La durée médiane de la positivité des PCR était de 22 jours dans les selles, 18 jours dans les voies aériennes supérieures et 16 jours dans le sérum.
- Les durées les plus longues et les quantités de charges virales les plus élevées étaient observées dans les formes graves et chez les patients âgés.
- La persistance de l’ARN viral dans les selles ne veut pas forcément dire que le patient est toujours contagieux.
COVID et ACR
Des auteurs italiens se sont demandés s’il y avait une association entre les arrêts cardiaques en dehors de l’hôpital et l’épidémie de COVID-19 (NEJM, 30 avril 2020).
- En comparant le nombre d’ACR dans une région touchée par le COVID-19, ils ont constaté une augmentation de 58% du nombre d’ACR par rapport à une période de référence de 2019 (362 vs. 229 ACR).
- 103 patients avaient une suspicion de COVID-19, ceux-ci représentaient 77% de l’augmentation du nombre des ACR.
- Il n’y avait pas de différence dans la distribution d’âge et de sexe.
- Le taux de décès après réanimation était plus élevé en 2020.
- Ceci est probablement rattaché à une incidence plus importante des mauvais marqueurs pronostiques de l’ACR pendant l’épidémie (arrivée des secours plus long [+2min.], moins de témoins ayant pratiqué un massage cardiaque [-16%], et plus d’ACR survenant à domicile [+7%]).
- Cette augmentation a été signalée aussi à New-York.
- On soupçonnait bien que le COVID-19 pouvait entrainer des troubles du rythme grave (FAQ N°16)…