Covid-19 : à chaque jour ses réponses, par le Pr Adnet (FAQ N°34 - 27 avril)
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19. Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°34 (27 avril)
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Monde : 74.700 nouveaux cas hier, 2.972.315 cas confirmés (décès 206.665, guérisons 868.522) dans 185 régions ou pays.
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France : 576 nouveaux cas hier, 162.220 cas confirmés avec 22.890 décès et 45.680 guérisons.
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Italie : 2.300 nouveaux cas hier, 197.675 cas confirmés, 26.644 décès et 64.928 guérisons.
(Source : Johns Hopkins University)
COVID et transmission materno-foetale
Il existe toujours une incertitude sur la transmission materno-foetale du COVID-19 par voie sanguine ou au cours de l’accouchement par voie basse (FAQ N°1,10 et 24).
- Un cas clinique récemment publié dans le NEJM nous rassure (NEJM, 16 avril 2020).
- Une femme de 34 ans enceinte de 39 semaines avait contracté le COVID-19.
Elle a développé une pneumopathie virale avec fièvre. Les tests PCR sont revenus positifs.
- L’accouchement s’est déroulé par voie basse sans complications.
- L’enfant et la maman sont en pleine forme. Le bébé n’a pas développé l’infection.
COVID et ethnie
Sujet délicat.
- Les études américaines montrent qu’il y a une proportion anormalement importante de patients COVID-19+ d’origine afro-américaine dans les formes graves de cette maladie.
- Des observations françaises vont dans le même sens (FAQ N°20).
- Un rapport publié dans le BMJ sur les soignants atteints par le COVID-19 rapporte que les origines asiatiques ou africaines représentaient 14% et 12% respectivement des 3.883 malades du COVID-19, soit le double du pourcentage de la population générale (BMJ, 17 avril 2020).
- La présence d’éléments confondants comme les autres facteurs de risques (HTA, diabète) n’est pas à exclure.
COVID et non-COVID
Existe t-il une mortalité des pathologies non-COVID induite par le COVID-19 ? Nous avons tous constaté une baisse de la fréquentation à l’hôpital ou dans les cabinets médicaux pour les pathologies non-COVID (FAQ N°16 et 22).
- Une étude du BMJ a tenté de trouver une morbi-mortalité supplémentaire.
- Les admissions et les passages dans les services d’urgences ont chuté respectivement de 23% et 29% au mois de mars 2020 en Angleterre.
- La mortalité globale, elle, a progressé d’une manière importante.
- Les certificats de décès n’apportaient pas de renseignement réellement exploitable pour conclure qu’il existait une surmortalité pour les causes autres que le COVID-19 dans cette étude.
[Merci au Dr. Joselyn Gravel]
COVID et baricitinib
Un nouvel espoir ?
- Une approche combinée anti-inflammatoire et antivirale pourrait être une nouvelle voie thérapeutique.
- Dans ce cadre, le baricitinib (anti-inflammatoire de type anti-JAK) a été proposé.
- En effet, ce médicament peut inhiber des enzymes kinases en atténuant l'infectiosité du virus en l'empêchant d'entrer dans les cellules.
- De plus, il peut empêcher une inflammation excessive (orage cytokinique).
- Un essai comparatif pilote prometteur vient d’être publié, incluant 12 patients dans un groupe avec cette molécule et 12 patients contrôles (Journal of Infection, sous presse, 16 avril 2020).
- Le médicament a été bien toléré.
- Les auteurs ont constaté une amélioration rapide des symptômes dans le groupe traité par le baricitinib ainsi qu’une diminution spectaculaire des admissions en réanimation.
[Merci au Dr Tomislav Petrovic]
COVID et hydroxychloroquine
On n’en finit pas !
- Dans cette étude (JAMA, 24 avril 2020), les auteurs ont comparé chez des patients COVID-19+ dans sa forme grave, de manière randomisée et en aveugle :
- un traitement avec des hautes doses d’hydroxychloroquine (600 mg x2 pendant 10 jours),
- un traitement à dose «normale» (450 mg x2 le premier jour puis 450 mg/j les 4 jours suivants)
- L’azithromycine était associé à ce traitement.
- L’essai devait inclure 440 patients.
- Il a été interrompu après inclusion de seulement 81 patients en constatant une surmortalité dans le groupe «haute dose» (N=41, 39% de mortalité) comparé au groupe «dose normale» (N=40, 15% de mortalité).
- En conclusion, les auteurs déconseillent d’utiliser des hautes doses d’hydroxychloroquine !