Covid-19 : à chaque jour ses réponses, par le Pr Adnet (FAQ N°25 - 16 avril)
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19. Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
Depuis le 12 mars, le Pr Frédéric Adnet - professeur agrégé de Médecine d'Urgence, chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93 - fait régulièrement le point sur le Covid-19.
Épidémiologie, études, clinique... Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, les actualisations de cette «Foire aux questions».
INDEX et liste des FAQ
FAQ N°25 (16 avril)
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Monde : 2.065.906 cas confirmés (décès 137.124, guérisons 517.444) dans 185 régions ou pays.
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France : 134.582 cas confirmés, 17.188 décès, 31.470 guérisons.
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Italie : 165.155 cas confirmés, 21.645 décès, 38.092 guérisons.
COVID et contagiosité
On s’en doutait ! Il était admis que le SARS-CoV-2 avait un R0 autour de 2,6 (FAQ N°1). Le R0 est le nombre moyen de personnes que contamine un patient infecté ; une valeur inférieure à 1 indique une maladie qui ne peut pas diffuser.
- Une étude de l’Inserm évaluait la valeur du R0 à 3 (FAQ N°22) avant les mesures de confinement.
- Des chercheurs américains, en étudiant la propagation du virus à Wuhan, ont estimé ce R0 à 6 avec un IC95% [3,8-8,9] (Emerg Infect Diseases, 15 Avril 2020).
- Ce qui fait du COVID-19 une maladie très, très, très contagieuse.
C’est l’impression que l’on avait !
COVID et hydroxychloroquine (7)
- Un essai clinique chinois randomisé et en ouvert (medRxiv, en cours de reviewing, 14 Avril 2020) a comparé 75 patients COVID-19+ hospitalisés et assignés à un traitement par hydroxychloroquine (1.200 mg/j pendant 3 jours et 800 mg/j pendant 2 à 3 semaines) à un groupe contrôle (N=75).
- Il n’y avait pas de différence dans le taux de prélèvements négatifs à J28.
- La cinétique de prélèvements viraux négatifs étaient strictement identiques dans les deux groupes.
- Les effets indésirables étaient plus nombreux dans le groupe hydroxychloroquine.
- Deux effets indésirables graves étaient notés dans ce groupe.
- À l’inclusion, 99% des patients avaient une atteinte légère ou modérée.
- C’est un essai bien construit qui mérite d’être poursuivi par un autre avec un critère d’évaluation plus fort (mortalité, admission en réa, intubation)
Bon, le Pr Raoult ne va pas être content !
[Merci au Dr Nicolas Peschanski]
COVID et hydroxychloroquine (8)
- Un autre essai randomisé en ouvert (medRxiv, en cours de reviewing, 14 Avril 2020) a comparé 31 patients COVID-19+ hospitalisés traités par de l’hydroxychloroquine (400 mg/j pendant 5 jours) avec un groupe contrôle (N=31).
- Il y a eu une amélioration clinique (fièvre, toux) significativement plus rapide dans le groupe hydroxychloroquine.
- La pneumopathie régressait plus rapidement dans le groupe hydroxychloroquine (81% vs 55%).
- Quatre patients du groupe contrôle ont été admis en réanimation.
- Tous les patients étaient recrutés avec une pneumopathie au scanner sans détresse respiratoire.
Au total, deux essai randomisés contradictoires dont celui-ci, en faveur de l’hydroxychloroquine mais avec faible effectif. Si ça continue on va faire une méta-analyse des essais non publiés !
Bon, le Pr. Raoult va être content !
[Merci au Dr. Axel Ellrodt]
COVID et acrosyndromes
Nous avons signalé des aspects d’engelures des extrémités (acrosyndromes) associé au COVID-19 (FAQ N°17). C’est maintenant officiel ! Le syndicat national des dermatologues - vénérologues alerte sur cette manifestation dermatologique qui doit faire rechercher le COVID-19.
- Le premier cas vient d’être publié (Dermatologia Pediatrica, 14 Avril 2020).
- Il s’agit d’un garçon de 13 ans présentant des lésions d’engelures aux orteils sans autres signes.
- Deux jours après, il développait un syndrome grippal évoquant fortement le COVID-19 alors que les deux parents présentaient le même syndrome grippal 6 jours avant le début des lésions cutanées. Malheureusement, aucun prélèvement nasopharyngé n’a pu être effectué.
- La cause résiderait dans des lésions de micro-thromboses et/ou de vascularites associées au COVID-19.
COVID et échographie
- Une procédure standardisée pour réaliser et classifier les images obtenues par échographie pulmonaire chez les patients suspects de COVID-19 a été proposée (J Ultrasound Med, 30 mars 2020).
- L’exploration thoracique se fait en 8 zones par hémi-champs.
- Chaque zone est classée de 0 à 3 en fonction de la sévérité de l’atteinte :
0 : normal,
1 : ligne pleurale épaissie et irrégulière, quelques lignes B,
2 : ligne pleurale rompue (petites consolidations sous-pleurales), nombreuses lignes B
3 : consolidations plus larges et/ou lignes B confluentes.
[Merci au Dr. Tomislav Petrovic]
Rappel des signes échographiques d'un syndrome intersitiel viral sur :
https://www.winfocus-france.org/Ressources/VIDEOS/POCUS-COVID-VF-HD720p.mp4